Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

lundi 3 novembre 2014

Gudule lit... Au bonheur des dames

Au Bonheur des Dames
Emile Zola.


Ah Zola... aka la Terreur des lycéens en littérature (avec son grand pote Hugo entre autre). Il est un peu l'un des dinosaures de la littérature française, de ceux que l'on étudiera quoiqu'il arrive, traumatisant des générations et des générations d'élèves aussi réfractaires à la culture qu'un poisson à l'idée de vivre sur terre.

Autant dire que ceux qui apprécient Zola se comptent sur les doigts d'une main d'un homme-tronc. J'exagère que peu car il n'y a qu'à voir les réactions de ces "chers" adolescents l'année dernière, au bac de français. Ils avaient lâché leur haine envers Victor Hugo à travers les réseaux sociaux, l'enjoignant, notamment à mourir (sic).

Mais revenons à Zola, voulez-vous?

  • Petite biographie:
Émile Zola (à l'état civil Émile Édouard Charles Antoine Zola) est un écrivain et journaliste français, né à Paris le 2 avril 1840 et mort dans la même ville le 29 septembre 1902. Considéré comme le chef de file du naturalisme, c'est l'un des romanciers français les plus populaires, les plus publiés, traduits et commentés au monde. (source: Wikipedia)


  • Résumé:
L'action se déroule entre 1864 et 1869. Arrivée à Paris avec ses frères, pour travailler dans le petit magasin de son oncle, Denise Baudu prend rapidement conscience que l'emploi n'existe que dans les grands magasins. Elle se fait embaucher au Bonheur des Dames, découvre le monde cruel des petites vendeuses, la précarité de l'emploi et assiste au développement exponentiel de ce magasin et à la mort des anciens petits commerces. Elle suscite l'intérêt du directeur du magasin, Octave Mouret qui lui confie de plus en plus de responsabilités. Elle refuse de devenir sa maîtresse mais finit par accepter sa demande en mariage. (source: Wikipédia)

  • Mais encore?
Au Bonheur des Dames fait partie d'un corpus de romans, baptisé Les Rougon-Macquart. Ce corpus regroupe une vingtaine de romans, tous écrit entre 1871 et 1893. Inspirés de La Comédie Humaine de Balzac, les Rougon-Macquart mettent en scène une famille sur cinq générations dans le but d'analyser l'influence du milieu sur l'Homme ainsi que les tares héréditaires tout en dépeignant la société du Second Empire de la manière la plus exhaustive qu'il soit.
Cet ensemble est clairement la pierre de voûte du mouvement naturaliste dans la littérature.

Petit arbre généalogique des Rougon-Macquart.
Le naturalisme est un mouvement littéraire international qui apparaît durant la fin du XIXème siècle. Les naturalistes introduisirent dans leurs romans des descriptions scientifiques et objectives des réalités humaines : ces auteurs montraient la société telle qu’elle était, aucun sujet n’était inabordable. Les différents thèmes abordés dans ces œuvres ont préalablement fait l'objet d'une certaine recherche et d'une documentation poussée ; l'auteur émet alors une hypothèse qu'il vérifie ensuite à l'aide d'une expérimentation. Ce mouvement, né de l’influence des sciences, de la médecine expérimentale et des débuts de la psychiatrie, a été en partie créé par Émile Zola, qui en devint le chef de file. Le naturalisme est une forte exagération du réalisme. (source: Wikipedia)



  • Mon avis:
Au Bonheur des Dames est sans nul doute mon roman préféré du mouvement naturaliste. Bien évidemment, il faut aimer le style un peu désuet et parfois franchement lourd de Zola qui est un sérieux adepte des phrases de dix kilomètres de long (cf. plus bas).
Reste qu'il décrit avec justesse l'univers des grands magasins parisiens, précurseurs de nos galeries marchandes et autres grandes surfaces. Je dois avouer que la vision de la Femme, notamment à travers Octave Mouret, hérisse complètement la fibre féministe qui est en moi. Néanmoins, si on remet les choses dans le contexte, avec prudence néanmoins (car personne n'est à l'abris de la subjectivité), les choses ne sont pas si... fausses, si "clichées".
De fait, ma fibre féministe est fort contente de voir Mouret s'aplatir devant une campagnarde (ça flatte aussi mon ego de provinciale qui hait la condescendance et le mépris parisiens) qui s'avère meilleure que toutes celles dont les ego surdimensionnés ne permettent pas d'être pesées sur une balance industrielle.
Enfin, c'est avec un cynisme presque sadique, que je constate à chaque fois combien ce roman de la fin du XIXème colle quasiment à la perfection, à notre XXIème siècle et ça... ça pousse à réfléchir. 

  • L'extrait: La Grande Exposition du Blanc:

Ce qui arrêtait ces dames, c'était le spectacle prodigieux de la grande exposition de blanc. Autour d'elles, d'abord il y avait le vestibule, un hall aux glaces claires, pavé de mosaïques, où les étalages à bas prix retenaient la foule vorace. Ensuite, les galeries s'enfonçaient, dans une blancheur éclatante, une échappée boréale, toute une contrée de neige, déroulant l'infini des steppes tendues d'hermine, l'entassement des glaciers allumés sous le soleil. On retrouvait le blanc des vitrines du dehors, mais avivé, colossal, brûlant d'un bout à I'autre de l'énorme vaisseau, avec la flambée blanche d'un incendie en plein feu. Rien que du blanc, tous les articles blancs de chaque rayon, une débauche de blanc, un astre blanc dont le rayonnement fixe aveuglait d'abord, sans qu'on pût distinguer les détails, au milieu de cette blancheur unique. Bientôt les yeux s'accoutumaient : à gauche, la galerie Monsigny allongeait les promontoires blancs des toiles et des calicots, les roches blanches des draps de lit, des serviettes, des mouchoirs ; tandis que la galerie Michodière, à droite, occupée par la mercerie, la bonneterie et les lainages, exposait des constructions blanches en boutons de nacre, un grand décor bâti avec des chaussettes blanches, toute une salle recouverte de molleton blanc, éclairée au loin d'un coup de lumière.

Mais le foyer de clarté rayonnait surtout de la galerie centrale, aux rubans et aux fichus, à la ganterie et à la soie. Les comptoirs disparaissaient sous le blanc des soies et des rubans, des gants et de fichus. Autour des colonnettes de fer, s'élevaient des bouillonnés de mousseline blanche, noués de place en place par des foulards blancs. Les escaliers étaient garnis de draperies blanches, des draperies de piqué et de basin alternées, qui filaient le long des rampes, entouraient les halls, jusqu'au second étage ; et cette montée du blanc prenait des ailes, se pressait et se perdait, comme une envolée de cygnes. Puis, le blanc retombait des voûtes, une tombée de duvet, une nappe neigeuse en larges flocons : des couvertures blanches, des couvre-pieds blancs, battaient l'air, accrochés, pareils à des bannières d'église ; de longs jets de guipure traversaient, semblaient suspendre des essaims de papillons blancs, au bourdonnement immobile ; des dentelles frissonnaient de toutes parts, flottaient comme des fils de la Vierge par un ciel d'été, emplissaient l'air de leur haleine blanche. Et la merveille, l'autel de cette religion du blanc, était, au-dessus du comptoir des soieries, dans le grand hall, une tente faite de rideaux blancs, qui descendaient du vitrage. Les mousselines, les gazes, les guipures d'art, coulaient à flots légers, pendant que des tulles brodés, très riches, et des pièces de soie orientale, lamées d'argent, servaient de fond à cette décoration géante, qui tenait du tabernacle et de l'alcôve. On aurait dit un grand lit blanc, dont l'énormité virginale attendait, comme dans les légendes, la princesse blanche, celle qui devait venir un jour, toute-puissante, avec le voile blanc des épousées.

– Oh ! extraordinaire ! répétaient ces dames. Inouï !
 

  
 
Au Bonheur des dames, chap. IX
 

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