Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

jeudi 28 mai 2015

Petit précis de vocabulaire féministe...

“La femme est la seconde faute de Dieu.” Nietzsche



Au cours de mes tribulations sur la toile et de mes lectures au féminisme plus ou moins bancal (il faut être honnête hein...), j'ai trouvé quelques termes qui valent le coup de s'y attarder.

A mon sens, certains dévoilent un courant de pensée et/ou un sexisme et/ou des opinions que je ne partage pas (pour certaines raisons et notamment parce que c'est durement militant et que je ne suis pas militante dure du poil) ou que je ne pensais même pas exister tant pour moi, c'était logique... Cependant, je crois qu'il est de bon ton de les partager et de les faire connaître.


Je vais évoquer des choses que j'ai déjà évoquée et d'autres dont je n'ai jamais parlé. Je passerai rapidement sur les premières pour m'étaler un peu plus sur les secondes.

C'est parti pour le premier tome! (y'en a trois de prévu)



J'ai volontairement opté pour un découpage par "groupe" de thèmes plus ou moins proches

  • Genre /Sexe

Mon ami Larousse dit que « le genre est un ensemble de traits communs à des êtres ou à des choses caractérisant et constituant un type, un groupe, un ensemble ». 
Il est clair qu'en français, le genre et le sexe ont tendance à se confondre. La distinction nous vient des pays anglo-saxons pour lesquels le mot sexe renvoie directement aux caractéristiques biologique des femelles et des mâles.
Le genre désigne donc, plus directement, toutes les règles explicites régissant les relations femmes/hommes et leur attribuant des rôles, des valeurs... distincts. L'on retrouve ces règles à trois niveaux: le substrat culturel (la société), les institutions (famille, école...) et le processus de sociabilisation.

  • Cisgenre / Transgenre
Une personne cisgenre est une personne qui a été désignée d'un genre à la naissance et qui se sent en adéquation avec ce dernier.
Et inversement, une personne transgenre est une personne qui est en opposition avec le genre qu'on lui a donné à la naissance. Plus largement, c'est aussi une personne qui est autre dans le sens où elle ne se sent pas particulièrement d'un genre ou d'un autre.

  • Personne binaire / non-binaire
De nouveau mon ami Larousse qui dit que le terme binaire « met en jeu deux éléments ». Dans le cas du féminisme, le qualificatif binaire (ou non) se rattache au genre.
On peut donc comprendre qu'être binaire c'est considérer qu'il n'y a que deux genres: femelle ou mâle. et que donc, que ne pas l'être est, en toute logique, le contraire.
Globalement, c'est une manière de rejeter les désignations du genre. A quelque part, être non-binaire, c'est donc être neutre ou entre les deux.... Un peu comme le « genre » neutre en japonais: ni lui, ni elle. On parle aussi parfois de "Troisième Sexe".



Petite pause dans les définitions. Je dois avouer que les concepts sont un poil compliqués à appréhender, surtout le concept de non-binarité. Tous semblent se recouper, s'opposer parfois et souvent dire la même chose...
Non, parce que bon... Est-il possible d'être Cisgenre non-binaire? Vous avez quatre heures.

Pour des raisons évidentes, je ne tiens pas à m'attarder, dans ce billet du moins, sur la question des dénominatifs, pronoms et différents genres... Parce que sinon, vous avez le temps de creuser jusqu'en Chine



  • Féminisme /Féminisme 101 / Féminisme Geek
J'avoue ne pas avoir pris le temps de définir réellement ce qu'était le féminisme. J'en ai parlé dans le tome 1 et 2 mais je n'ai pas fait ça de manière exhaustive (ça sent un autre article un de ces jours...). En attendant, on se contentera du superficiel.

Toujours Larousse, le féminisme est un « mouvement militant pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société ».
Pour certains, dont je fais partie, le féminisme est « un ensemble de mouvements et d'idées politiques, philosophiques et sociales, qui partagent un but commun : définir, établir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. Le féminisme a donc pour objectif d'abolir, dans ces différents domaines, les inégalités homme-femme dont les femmes sont les principales victimes, et ainsi de promouvoir les droits des femmes dans la société civile et dans la sphère privée. »
Evidemment, il y a différents courants de pensée dans le féminisme: féminisme libéral (épousant les principes du libéralisme politique), le féminisme socialiste (merci tonton Marx), le féminisme radical (coucou les Femen)...

Et puis là-dedans, on a deux courants qui m'ont interpellés: le féminisme 101 et le féminisme Geek.
Le féminisme 101 est probablement celui que j'ai le plus de mal à définir... parce qu'il n'existe pas de définition à proprement parler. Selon les informations que j'ai trouvé, c'est un concept de « boîte à outils » du féminisme... Un peu comme s'il y avait un bouquin intitulé Le Féminisme pour les Nuls ou Devenir féministe en 10 leçons... La question que je me pose c'est: est-ce-que c'est ce concept qui est sous-entendu avec cette expression ou cela cache quelque chose de plus? Gudule mène l'enquête...
Plus proche de moi, le féminisme geek. Je ne vais pas me lancer dans la définition du mot geek, sinon, j'en ai pour trois plombes. En résumé, le féminisme geek est voué à soutenir les femmes (bam, paies ton genre) dans les communautés geek (jeux-vidéos, littérature...).


  • Féminisme inclusif / Féminisme exclusif
On est donc d'accord sur la définition du féminisme.
Larousse nous indique d'inclusif.ve que c'est quelque chose « qui contient en soi quelque chose d'autre ». Ok. Ce cher Crntl nous permet de comprendre un peu mieux en donnant un exemple de linguistique avec le cas du nous: ce pronom englobe moi + les autres.
Mais c'est Collins qui remporte la palme en nous donnant la définition du langage inclusif:
« Language that avoids the use of certain expressions or words that might be considered to exclude particular groups of people, esp gender-specific words, such as "man", "mankind", and masculine pronouns, the use of which might be considered to exclude women.  »
En résumé, c'est un langage qui évite l'utilisation de certaines expressions ou mots qui pourraient être considérés comme excluant des groupes particuliers de personnes.
 Donc, si l'on ajoute le féminisme à côté, l'on peut dire que le féminisme inclusif est destiné à inclure tout le monde dans le mouvement... Apparemment, tout ce qui n'est pas un homme cis-genre.
A contrario, le féminisme exclusif sous-entend que certaines femmes (j'en viens même à faire gaffe de comment j'utilise ce mot, faut le faire) ne peuvent être inclues dans les batailles féministes pour diverses raisons et notamment, parce que ce ne sont pas de vraies femmes...

Par exemple, Norbert est un homme transgenre (non-binaire). Bah comme il a pas la marmite et les mamelles, bah il est exclu de certains mouvements féministes (enfin, il est accepté mais il doit juste rester silencieux comme tout homme qui se respecte).

  • Transféminisme
Dernière petite définition pour la route: le transféminisme est l'idée selon laquelle le rassemblement entre le militantisme féminisme et le militantisme trans est plus que nécessaire.
Il est considéré comme la Quatrième Vague du Féminisme ou le Féminisme 2.0 si vous préférez.


Voilà pour cette fois. Dans les jours qui viennent, je tâcherai de mettre en ligne le volume 2 et 3.

Enjoy!


Ouais de la lecture!

mercredi 27 mai 2015

Gudule crochète...

Exemples d'ouvrages au crochet


Aujourd'hui, point de féminisme, point d'archéologie... Mais comme je l'ai annoncé il y a quelques temps: nous allons parler Arts du fil.

J'entame donc cette section par un article consacré au:

Crochet.

Attention, ça va chauffer dans les chaumières!

Pour ceux qui sont fan des Disney (ou ont simplement été trempé dedans à la limite de la noyade quand ils étaient mioches), quand on parle de Crochet, on pense à ça:

Gudule a une idée...

Le mec un peu loufoque qui courrait après Peter Pan... Pour les adultes fanas de séries, quand on parle de Crochet, on pense à ça:

Miam! bien plus mangeable...

Un autre?

Pour info, c'est Colin O'Donoghue...

Aller, j'suis sympa, un troisième:

Il joue dans Once Upon A Time

Et un dernier pour la route parce que ça ne fait pas de mal de baver un peu...



Trêve de bavardage, on va en perdre nos neurones... ou du moins le peu qui nous reste...

Avant d'étaler mes oeuvres, tenter de faire des tutoriels d'explications... J'ai cédé à l'appel de l'Histoire... Vous savez, le truc que les réformes du mammouth nommé Education Nationale tentent d'effacer à coup de régimes?

Bref, avant de faire la démonstration de la quantité impressionnante de crochets à ma disposition, je tiens à faire un bref historique de cette pratique... Parce que ça va bien deux minutes hein, mais c'est pas en bavant sur Colin que le schmilblick avance...


Na là c'est Mère Gudule...

Mes cher(e)s lecteurs ou trices... je vais vous raconter l'histoire de la pratique du Crochet, cette activité qualifiée de vieillotte parce que la première chose à laquelle on pense quand on dit crochet c'est le napperon poussiéreux sur la commode de mamie. Mais si, vous savez pertinemment: le truc que même Valérie Damidot n'en veut pas pour décorer un appart! Même dans l'émission C'est du propre ils le jettent parce que ça sert même pas à faire la poussière!

Peut-être qu'avec une image, ça ira mieux...

Sachez, bande d'incultes, que le crochet est une pratique fort ancienne (oui oui oui, comme mamie Zinzin) bien qu'il ne soit pas évident de dater exactement quand, un beau matin, Trufignon de la Molette a décidé de remplacer l'aiguille par un crochet pour nouer son fil... contrairement à la broderie, au tissage ou au tricot... Point d'archéologie mes braves, pour une fois, grattouiller la poussière et faire des bains de boue en pleine canicule est inutile: on ne sait pas épicétout.

Quid de savoir quand, où et comment la pratique du crochet est apparue... Tant pis. On a vaguement décidé que le XVIème siècle serait l'époque bénie pour adopter le crochet orphelin. Sinon, c'est la Chine ou... Ouais ok, on ne sait pas, j'arrête d'insister.


Ah... Mais apparemment la recherche a estimé que l'origine la plus probable de cette pratique est chinoise (comme quoi, les probabilités, c'est pratique). Le crochet serait donc gentiment dérivé de la couture chinoise (m'en demandez pas trop, j'sais pas ce que c'est) qui a évolué, dérivé jusqu'à arriver sur ce bon "Vieux" Continent qu'est l'Europe aux alentours du XVIIIème siècle... où on le retrouve sous le nom de "tambour", pratique étrange située entre la broderie au tambour et le crochet...

In this technique, a background fabric is stretched taut on a frame. The working thread is held underneath the fabric. A needle with a hook is inserted downward and a loop of the working thread drawn up through the fabric. With the loop still on the hook, the hook is then inserted a little farther along and another loop of the working thread is drawn up and worked through the first loop to form a chain stitch. The tambour hooks were as thin as sewing needles, so the work must have been accomplished with very fine thread. (Source Mme Marks)
 Pour les anglophobes, ça donne un truc dans le style:
Dans cette technique, l'arrière du tissu est tendu sur un tambour. Le fil du travail est maintenu sous le tissu. Une aiguille avec un crochet est insérée vers le bas et une boucle de fil travaillé passe à travers le tissu. Avec la boucle sur le crochet, ce dernier est ensuite inséré un peu plus loin et une autre boucle est ainsi créée ce qui forme la première boucle de la chaîne. Ce genre de crochet était aussi fin que les aiguilles et ce travail devait être accompli avec du fil très fin.

Cela ressemble assez à un point de broderie: le point de chaînette:



La technique a évolué jusqu'à ce qu'au XIXème siècle, le tissu de fond soit viré et que le crochet soit dit "en l'air"... comprendre: à peu de choses près comme on le connaît de nos jours.

On doit son expansion à Melle Riego de la Branchardière (promis, j'ai pas inventé son nom), femme ô combien capable dans les arts du fils. Elle est connue pour avoir récupéré des modèles de travaux d'aiguilles afin de les adapter au crochet. Elle a tellement été modeste qu'elle est allée jusqu'à prétendre avoir inventé le crochet irlandais ou la dentelle irlandaise (c'est au choix, comme le twix droit et le twix gauche)...

Mais faisons un arrêt par le pays des Roux (ah, non, j'me trompe de quelques km...) ou le pays de St Patrick et de la bière... Au XIXème siècle, l'Irlande connaît l'une des dernières plus grandes famines ayant touché l'Europe: la famine des pommes de terre
Le crochet joua un rôle apparemment important au cours de ces années puisqu'en plus de servir de divertissement (histoire d'éviter de penser qu'on crevait de faim), les ouvrages étaient vendus permettant de nourrir tout le monde. De ce fait, hommes, femmes et enfants se sont attelés à cette pratique.

Autant dire qu'ils ont été productifs dans les modèles uniques. La différence principale, à ce que je sais, entre le crochet traditionnel et le crochet irlandais tient à la fois des motifs mais aussi de la résille effectuée au crochet... Et comme une image vaut mieux que mille mots:



Ces bons Irlandais, avec cette famine, sont allés voir ailleurs si l'herbe était plus verte et ont notamment immigré aux Etats Unis où ils ont mêlé leur savoir faire avec celui des autochtones... Comme quoi, les melting-pot, c'est sympa.


Mais Gudule, on crochète avec quoi? bah avec un crochet, tiens!

Avant la magnifique ère du synthétique, il est évident que les fibres naturelles ont eut du succès: lin, laine, coton, chanvre... A vrai dire, on utilise toujours ces fibres même si, majoritairement, elles sont couplées avec du polyester pour des raisons diverses et variées.

Le choix est donc plus que divers et varié en terme de texture, couleur, poids, taille... De quoi faire mille et une choses à partir du même modèle mais pour un résultat toujours un peu différent.
D'autant plus si l'on ajoute d'autres matériaux: métal (fil de cuivre entre autre), plastique (réutiliser ses sacs plastique) etc... même les poils de chien ou de chat (et ouais, un pull en poil de Médor, ça vaut son pesant de cacahuètes)!

J'en veux pour preuve: des pelotes de laine de poil de Montagne des Pyrénnées
Il faut dire que ça a la taille d'un veau ces bêtes-là!

Ensuite, bah le crochet. Aujourd'hui, on en a dans quasiment toutes les matières: bois, bambou, os, métal, plastique... Tout dépend de ce que l'on apprécie d'avoir entre les doigts. La taille du crochet dépend de la grosseur du fil, bien entendu... il y a plus de 25 tailles... Autant dire que j'en ai "que" 22 à l'heure actuelle. La preuve:


La première partie de ma collection de crochets
De gauche à droite: deux en bambou taille 8, plastique taille 6, acier taille 5.5, bambou taille 5, plastique/acier taille 4.5,
acier taille 4, acier taille 3.5, acier et plastique taille 2.5, acier taille 1.75, acier taille 0.60


Et ma nouvelle acquisition pour réassortir le tout: 22 crochets.
En acier (droite): 0.6mm, 0.75mm, 0.8 mm, 0.9mm, 1.10mm, 1.25 mm, 1.3mm, 1.5mm, 1.6mm, 1.75mm, 1.9mm
En aluminium (gauche): 2.0mm, 2.5mm, 3.0mm, 3.5mm, 4.0mm, 4.5mm, 5.0mm, 5.5mm, 6.0mm, 6.5mm



Ok, tu as 3 tonnes de crochet... Mais on fait quoi avec? 
(On joue aux fléchettes pour pécher le saumon)

Pendant longtemps, le crochet a eut, comme tous les arts du fils ou presque, un objectif purement utilitaire et/ou ornemental.
Peu à peu, notamment sous l'ère victorienne, la décoration est entrée en jeu  avec les napperons, les corbeilles, les couvres pots...

Avec l'apparition du crochet afghan, les tapis sont devenus un jeu d'enfant. Enfin, durant les dernières décennies, ce que l'on appelle le free-form crochet est apparu.

Le crochet revenu au goût du jour, notamment grâce à internet, se pare de nouvelles formes et nouvelles couleurs. On en fait des bijoux, des peluches et cie... Exit le napperon de mamie, bonjour l'amigurumi (crochet en 3D)... Exit les livres, bonjour internet!


Source: Pinterest


Amigurumi
Source: Pinterst



Pour lire l'article (en anglais) sur lequel je me suis basée: 

jeudi 21 mai 2015

Gudule lit.... Du domaine des murmures...

Couverture des éditions Folio

« Je suis l'ombre qui cause.Je suis celle qui s'est volontairement clôturée pour tenter d'exister.Je suis la vierge des Murmures.À toi qui peux entendre, je veux parler la première, dire mon siècle, dire mes rêves, dire l'espoir des emmurées.Peut-être serais-je moi aussi partie à l'aventure si je n'avais été si bien gardée depuis l'enfance ?Mais je n'ai trouvé un peu d'espace que dans le vol de mon faucon et dans la prière, la seule route que ce temps m'ait laissée est un chemin intérieur.J'ai creusé ma foi pour m'évader et cette évasion passe par le reclusoir. N'est-ce pas étonnant ? »


Cela fait un moment que je n'ai pas partagé un ouvrage et cela fait un moment que je me demande ce que je vais bien pouvoir partager comme livre. Et finalement, en parcourant ma bibliothèque, je me suis souvenue de ce petit livre, le seul Goncourt que j'ai bien pu lire.

Du Domaine des Murmures
de Carole Martinez


Par rapport à ce que je lis habituellement, autant dire que ce livre fait figure d'exception. Lauréat du Goncourt des Lycéens de 2011, il ne fait que 226 pages. Je me souviens de l'avoir avalé en une heure, pause thé comprise.

  • Un résumé:

Du domaine des Murmures nous relate la vie d’Esclarmonde, fille du seigneur des Murmures, élevée par un père protecteur ; pour échapper à son mariage avec Lothaire, jeune homme immature et arrogant, et pour trouver la liberté, elle décide de se donner à Dieu. Le jour de son mariage, elle refuse de dire « oui » et se coupe l’oreille pour légitimer sa décision. Elle se fait alors emmurer dans une pièce attenante à la chapelle dont la construction prendra cependant deux ans.
La veille de son enfermement, elle se fait violer par son père, qui lui fait ainsi payer son humiliation. Suite à ce viol, elle va tomber enceinte d’un petit Elzéar, qui va lui aussi subir la colère de son père à tel point que des stigmates resteront sur ses mains. À cause de cette grossesse, de ces marques et de l’épanouissement de la population, on va faire d’elle une sainte. Et de partout des croyants vont venir se confesser à elle, lui permettant d’influer sur leur vie.
À ce carrefour entre l’au-delà et le monde des vivants, elle va trouver une position de pouvoir que jamais elle n’aurait eue. Elle réussira même à envoyer son père en Terre sainte pour expier ses péchés. Durant tout ce temps, elle va découvrir l’amour d’une mère pour son enfant et les sentiments amoureux par Lothaire qui, bouleversé par son revirement, va changer ses attitudes et sa conception de la vie. Mais aussi la colère, l’égoïsme, l’amitié avec la nouvelle femme de son père, Douce, sa servante Bérengère et la solitude que jusque-là elle n’avait pas considérée comme son ennemie.
Séparée de son fils, elle va prendre conscience de la vie et va essayer de quitter sa tombe. Mais guidé par la peur de perdre cette période de plénitude dont il lui attribuait les mérites, le peuple, pour l’en empêcher, va mettre feu à la chapelle et tuer Bérengère qui portait le message demandant sa libération au Pape.
Sa mort met fin à cette période et depuis, son murmure continue de souffler sur le domaine des Murmures. (Merci Wikipédia)


  • Mais encore?

C'est donc un livre à la fois historique et quelque peu fantastique. Certains passages ne sont pas évident. Pas parce qu'ils sont violents (quoique) mais à cause du style même de l'auteure.



  • Mon avis:
Trop court. Bien trop court. Mais bon, ça c'est parce que j'aime les romans à rallonge. Cependant, il est clair qu'il n'en fallait pas plus sans quoi, l'histoire allait vraiment tourner en rond. l'auteure a accompli le petit miracle de parvenir à tenir 200 et quelques pages sans que l'on s'ennuie... Un petit exploit en soi!

J'apprécie aussi la psychologie d'Esclarmonde. L'évolution est très bien menée à travers 4 facettes: la rêveuse, la croyante, la conteuse et l'intemporelle.

  • Extraits:
« Et moi j'étais entrée dans ma cellule comme en un navire, j'y avais essuyé des tempêtes, abordé des terres inconnues, j'y avais tout perdu et tellement espéré. Comment pouvait-on tant apprendre, tant changer, tant souffrir, tant vieillir, en si petit espace? »
« Non, ce lieu est tissé de murmures, de filets de voix entrelacées et si vieilles qu'il faut tendre l'oreille pour les percevoir. De mots jamais inscrits, mais noués les uns aux autres et qui s'étirent comme un chuintement doux »
« Mon père se parlait à lui-même et s'accusait d'être l'homme du désastre, celui qui, en écorchant sa propre chair, avait fait tomber une à une toutes les étoiles du ciel. Et ces étoiles, il disait les avoir vues palpiter un temps dans la poussière, agoniser comme des poissons hors de l'eau avant de s'éteindre tout à fait. Immobile, il avait assisté au massacre des autres. Il avait vu les yeux des enfans d'Acre se ternir tous ensemble dans le sang de leurs mères et le ciel désormais n'était plus qu'un vaste trou. »
« Certes ton époque n'enferme plus si facilement les jeunes filles, mais ne te crois pas pour autant à l'abri de la folie des hommes. J'ai vu passer les siècles, l'histoire n'a jamais cessé de chambouler nos vies et les évidences sont infiniment fragiles. »
« Dieu était toujours en mon coeur, mais il n'y tenait plus qu'une si petite place que j'avais bien du mal à prier sereinement. Je mastiquais ma solitude dans ma cage. J'y tournais en rond indéfiniment dans un sens puis dans un autre jusqu'à l'abrutissement. »

mardi 19 mai 2015

Gudule et Palmyre...

Temple de Bel - Palmyre

« Il faut savoir d’où l’on vient pour comprendre où on va. »



Il y a quelques temps, je vous parlais de la destruction des villes de Nimroud et Hatra par les décérébrés consanguins qui veulent détruire le passé pour prouver que leur histoire est la plus véridique... Bah voyons, comme si fermer les yeux pouvait éviter au T-Rex de vous bouffer....

Bref, quand on a pas inventé l'eau chaude, on risque pas d'inventer la roue...

Depuis quelques jours, les affrontements entre l'armée Syrienne de M.El Hassad (président de la République syrienne) et nos protozoaires irradiés se rapprochent de la ville actuelle de Palmyre. Cette dernière représente, en quelque sorte, la porte du désert syrien... zone stratégique s'il en est. Je ne suis pas une adepte de la stratégie militaire, je ne permettrai donc pas de juger la pertinence de cette option.

Histoire de donner un aperçu de la situation - Source: Le Figaro

Dimanche, les troupes syriennes ont "proprement" viré les organismes unicellulaires de Palmyre. Depuis, les affrontements ont fait entre 300 et 350 morts chez les militaires. Comme une guerre, c'est toujours crade (faut être sacrément naïf et croire que les licornes pètent des paillettes pour songer au contraire), il est clair et net que les civils ont aussi soufferts... Mais là, pas de données actuelles.

Cependant, ce n'est pas pour parler bataille de polochons que je veux publier car il est en réalité question des ruines situées au sud-ouest de la ville actuelle de Palmyre. Je parle bien entendu de:

Palmyre.

La vraie, la vielle, la en ruine, celle dont la date de péremption est passée...


 Après où est Charlie: où est Palmyre? - Merci Larousse.


Palmyre, aka Tadmor (interdiction de faire des jeux de mots pourris, hein Norbert!), est une oasis située à un peu plus de 200 km au nord de Damas. Son nom sémitique (Tadmor) apparaît déjà dans les archives de Mari... c'est à dire environ au XVIIIème siècle avant mon pote aux cheveux longs et aux bras tendus.

Si la Bible attribue la construction de cette ville à Salomon (II Chr VIII:4), les fouilles archéologiques ont révélée quelques traces datant de l'Âge du bronze. Ces traces ont été recouvertes par le temple de Bel. 
Bien plus tard, quand les Seleucides décidèrent de conquérir la Syrie en 323 BC, la ville devint indépendante... Et on ne sait pas vraiment ce qui a pu se passer jusqu'en 41 BC.


C'est en 41 BC que le nom de Palmyre apparaît pour la première fois dans les sources greco-romaines. Il paraît qu'un certain Marc-Antoine a lancé un assaut contre la ville pour récupérer quelque butin... et s'y cassa les dents puisque les habitants se sont planqué ailleurs avec leurs richesses. De cela, on en a déduit que les habitants de Palmyre étaient encore, au moins, semi-nomades vivant de l'élevage et du commerce caravanier (en effet, la ville faisait partie du réseau reliant la Syrie à la Mésopotamie et à la côte Méditerranéenne....).

Marc-Antoine reparti la queue entre les jambes, il faut attendre Tibère pour que la ville soit intégrée à l'Empire Romain (province de Syrie)... c'est à dire en 19 AD.Outre des relations privilégiées avec l'une des principautés du coin (juste les Sampsigéramides), l'apogée de la ville eut lieu sous Hadrien qui vint y faire un tour en 129 AD. Presque un siècle plus tard, Caracalla (en 212 AD), éleva la ville au statut de colonie, lui apportant tous les avantages de cette nouvelle situation.


Et puis... Les Perses tentèrent de faire joujou en ravageant la Syrie entre 252 et 260. Palmyre y échappa puis l'un de ses notables fut chargé de la défense de l'Orient. Sa veuve, une certaine Zénobie, tenta ensuite de prendre le pouvoir et se proclamer impératrice... Et c'est partit pour la guerre civile... 
Zénobie se fit refouler par Aurélien à Antioche puis Emèse. Ses administrés lui mirent un coup de pied au cul et elle fut capturée par Aurélien (272 AD) qui repartit... pour refaire demi-tour quelques temps plus tard quand une nouvelle rébellion prit forme. Du coup, il mata les rebelles puis installa à demeure la 1ère légion Illyrienne. Na. Faut pas les faire chier les Romains.

Cette période marqua le début de la fin pour Palmyre qui ne redevint plus jamais aussi prospère. Elle devint une ville garnison, étape de la route militaire reliant la région de Damas à l'Euphrate: la Stata Diocletiana. Si cette dernière fut abandonnée sous Constantin 1er, Palmyre demeura une ville militaire romaine jusqu'au VIème siècle. Sous Justinien, la ville reçu une nouvelle garnison et fut restaurée mais elle avait depuis longtemps perdu son lustre d'antan.

Plan de la ville

Bon t'es bien mignonne, mais y'a quoi à Palmyre?


Pas grand chose, hein... Juste un exemple d'urbanisme gréco-romain, d'architecture gréco-romaine... Des petits trucs comme ça...
L'évolution de l'architecture nous a permis de comprendre comment s'est étendue la ville, notamment durant son apogée au IIIème siècle AD. La ville se développa d'abord au niveau du temple de Bel puis s'étendit peu à peu. 
Si au départ, la ville était dépourvue de rempart (malgré le mur de douane), son "accession" au rang de ville-garnison a eut pour conséquence la création de remparts ne protégeant que les monuments alors que le reste de la ville était progressivement abandonné.

Les petits gribouillis appelés inscriptions permettent de comprendre la société de Palmyre ainsi que son organisation. On sait donc qu'elle a adopté les institutions grecques (comme la boulè) et que ces dernières sont restées en place jusqu'à peu près le IVème siècle AD.
Les commerçants et artisans étaient regroupés en corporations tandis que l'existence de collèges de prêtes est attestée.
Le commerce le plus pratiqué était de type caravanier.

Plan du Temple de Bel



Et il ne faut pas oublier la religion. Principalement tournée vers le dieu Bel (dieu suprême de Babylone), elle n'en accueillit pas moins d'autres dieux tels que (en vrac): Baalshamin, Allat, Arsou, Azizou, Hammon... Cependant, le joyau des sanctuaires est, sans nul doute, celui de Bel, plus ou moins contemporain du Temple de Jérusalemn bâti par Hérodote 1er le Grand.  Tous deux sont comparables tant par le style architectural que pour le plan en lui-même. 







Et ensuite?

Bah la ville fut prise au VIIème siècle AD par les Musulmans et elle évolua sous les Omeyyades: transformation de l'artère principale en souk, constructions de domaines luxueux dans les environs...
Durant les Croisades,  elle dépendit des émirs de Damas puis passa de mains en mains jusqu'en 1132 où le chambellan Nasir ad-Din transforma le temple de Bel en forteresse. La cella fut transformée en mosquée.
Au XIIIème siècle, la ville passa aux Mamelouks Baybars puis fut pillée en 1401 par Tamerlan. Elle s'en releva avant de décliner à l'époque ottomane. Au XVIIème siècle, la ville a retrouvé ses dimensions de l'Age du Fer: ce n'est plus qu'un petit village enfermé dans l'enceinte fortifiée du temple de Bel... le reste étant abandonné.

La ville est redécouverte en 1691 par des anglais et fut aussitôt connue pour ses vestiges. Au XIXème, les Ottomans y installèrent une garnisons tandis que les européens lançaient des missions archéologiques. Après la Première Guerre Mondiale, la Syrie étant occupée par les Français, ces derniers installèrent une unité militaire ainsi qu'un camp d'aviation. Les fouilles archéologiques prenant de l'ampleur, le village est détruit, les habitants relogés dans la ville récente, plus loin.


Balance les photos, la plante verte!


Temple de Bel: cella (Est)







Cella du Temple de Bel - Intérieur



Plafond du temple de Bel


Arc triomphal et colonnade 


Théâtre

Nécropole


Tetrapyle à la croisée du Cardo et du Décumanus


Temple de Baalshamin


Sources:



lundi 18 mai 2015

Gudule est grosse...


Mais tout va bien, j’me soigne !



« On sort avec les maigres, on rentre avec les grosses » 

Régine


Cela faisait un moment que je me tâtais pour savoir si je devais faire un article à ce propos ou non… Et puis finalement… Je vous ai déjà parlé sur slutshaming et bien maintenant, on va parler d’une autre forme de stigmatisation sociétale. J’ai nommé :

Le fatshaming

(ou grossophobie quand on est puriste)

En pratique, le fatshaming fait partie du « sizeism », mot barbare s’il en est, recouvrant toutes les discriminations faites à partir de la taille : trop grand/petit, trop maigre/gros… Bref, tous ceux dont les critères physiques ne sont pas dans les normes sociétales et marketing.

Etant de taille moyenne (et ouais dépasser le mètre 60, c’est être de taille moyenne) et ronde, autant dire que le fatshaming, c’est un peu ma meilleure amie quand je sors. Je cumule les défauts : je suis une femme ronde. Je ne vous raconte pas le bordel… Entre ceux qui pensent que mon vagin c’est la gare de Lyon et d’autres qui pensent tout savoir de ma vie en un seul coup d’œil autant dire que c’est la foire au monstre quand je sors.

Bref, après ce 3615MyLife, passons à ce qu’il m’a poussé à écrire sur ce sujet : les photos de Courtney Mina. Cette dernière, mannequin grande taille, s’est défiée de poster des photos d’elle en sous-vêtements sur Instagram afin de recueillir les commentaires et, surtout, s’y confronter.
Avant toute chose, voilà quelques photos :




Si visiblement, cette jeune femme a reçu plus de commentaires positifs que négatifs, ce n’est pas le cas dans les réactions sur Facebook. Ces dernières sont on ne peut plus révélatrices du fatshaming en France. Voici quelques morceaux choisis :

A croire que seule l'obésité explique les problèmes d'articulation, cardio-vasculaires... C'est un facteur aggravant, nous sommes d'accord. Mais c'est comme partout: il y a des obèses en super forme même à 60 ans et d'autres qui seront des épaves. Idem chez les "normaux". N'en déplaise à Cams.



Apologie: du grec apologia => défense. Eloge ou justification de quelqu'un ou quelque chose, présentés dans un écrit, un discours.
A savoir que la jeune femme a simplement osé mettre #curvesreign aka "les courbes règnent" en légende de ses photos... C'est donc l'apologie de l'obésité. Tutafé.


Ces personnes ont besoin de ne pas se sentir exclues parce que pour la société, elles sont malades. Certaines ne se sentent pas malades et c'est leur choix. Elles ont le droit de se sentir bien dans leur peau. Et de le revendiquer.


L'IMC (Indice de Masse Corporelle) est un calcul mathématique conçu sans qu'aucune variante n'entre en compte. A mon sens, l'IMC est un moule établit pour tout le monde en oubliant que nous sommes tous différents. L'IMC est donc simplement un nouveau moyen de discrimination. N'en déplaise à Jules, avec un IMC déséquilibré on peut être en meilleure santé que ceux dont l'IMC est parfait... Et ouais.


Est-il carrément impossible et contradictoire d'être supposément malade et décider de profiter de sa vie?
Elle assume son poids, ses courbes. Elle n'est pas la seule dans ce cas. Qu'est-ce-qu'il y a de si dérangeant dans le fait qu'elle veuille qu'on la voit comme une femme/une humaine plutôt que comme un sac de graisse?




Ma première réaction, c'est: banaliser la connerie devrait être interdit mais bon... vu la société actuelle, vous êtes un mannequin.
Perversité: Tendance à faire le mal consciemment, par plaisir de nuire.
Perversion: Désigne, dans un sens général, l'inclination à des conduites considérées comme « déviantes » par rapport aux règles et croyances morales d'une société.
Hypocrisie:  Est l'attitude morale par laquelle on exprime des sentiments, des opinions que l'on n'a pas ou que l'on n'approuve pas.
Je crois que tout est dit dans les définitions.

Cette femme peut courir, sauter, faire de la rando et tout ce que l'on pourrait attendre d'elle. Elle le fera moins bien mais tout le monde n'est pas un sportif de haut niveau...
Je doute qu'Iseult soit capable de faire le quart de ce que cette jeune femme peut faire. Ne serait-ce que porter son poids toute la journée et avoir une vie active... Mais bon, Iseult est excusée, elle est probablement socialement acceptable.


Gros = malbouffe. C'est comme les antibiotiques, c'est automatiques. Je crois que les gamines veulent plus ressembler à la star à la mode même si cela veut dire tirer la gueule sur les photos et avoir des rides à 20 ans plutôt que ressembler à la jeune femme obèse et souriante qui s'aime.


Mon Dieu, c'est une urgence, Julie est dans la santé donc, elle peut donner des leçons de vie! #SyndromeDeDieuInside!

Gaëtan, quand on est un débile de l'orthographe, on se tait. Qu'est-ce-que cela peut faire qu'elle risque de mourir jeune, c'est son problème. Elle a un comportement mentalement sain dans le sens où elle ne se flagelle pas parce qu'elle est "malade".



Ce que l'on peut retirer de ces immondices pardon, de ces commentaires, c'est:
  • Apologie de l'obésité
  • Risque pour sa santé
  • Risque de mourir jeune
  • L'obésité est une maladie

Ces photos ne sont pas une apologie de l'obésité, n'en déplaise à tous ceux qui s'amusent à le croire. En définitive, il s'agit simplement d'un message visant à prouver que ce n'est pas parce que l'on est gros, que l'on est moche. Courtney Mina essaie, au contraire, de pousser ceux qui sont obèses à s'accepter. Simplement parce que ne pas s'accepter, être malheureux, ne fait qu'envenimer le "problème".
Je crois que le souci de ceux qui hurlent à l'apologie de l'obésité (comme on dit, la demoiselle proteste trop pour être honnête), c'est parce que cela dérange. Courtney Mina ne devrait pas sourire. Il ne devrait pas émaner d'elle une certaine joie de vivre. Il ne serait pas question d'apologie si et seulement si, elle avait l'air malheureuse, honteuse, prête à se pendre et à subir une vie de souffrance pour avoir des kilos en trop.

Si tel avait été le cas, ces bien-pensants Imcnormés seraient en train de compatir, d'avoir pitié d'elle et de lui souhaiter tout le courage du monde pour rejoindre leur secte. Ils la défendraient même de ceux qui la traiteraient de moche... Parce que bon, la pauvre quoi! Être gros, c'est obligatoirement être malheureux.

En même temps, pourquoi se plaindre? Quand on est gros, il y a tellement de gens qui compatissent et qui, soudain, ont le droit de se soucier de notre santé! Tant de gens prêts à aider, à nous donner les recettes miracles pour perdre du poids et qui ne comprennent pas que ce n'est pas de conseils dont on a besoin (on a un médecin pour cela, voir plusieurs) mais de soutien, de compréhension, d'acceptation... En même temps, c'est sacrément logique: quand on est gros, on ne devrait pas s'aimer, on devrait se détester et trouver la force de maigrir pour rejoindre la horde souriante des Imcnormés.
Quand on est gros, notre poids, notre alimentation et notre style de vie ne font plus partie de notre vie privée mais sont devenus des affaires publiques. Les prêcheurs de bonne parole sont légions car tous ont un style de vie des plus sains: ils ne boivent pas, ne fument pas, font du sport tous les jours, ne polluent pas, mangent bio/sain... Des parangons de la bonne santé et de la bonne conduite qui s'octroient la mission divine de faire retrouver le troupeau aux brebis galeuses obèses.

Quand on est gros, on est obligatoirement malade. Et qui dit malade, dit obligation de se soigner. C'est comme ça. Il n'y a pas le choix, de toute manière, tout le monde est là pour aider avec des conseils sortis de derrière les fagots sur un ton compatissant et empli d'une pitié méprisante. Parce que le gros n'a pas la volonté de se soigner, il ne prend pas soin de lui, il est malheureux. 
L'excès de poids est une maladie si aisée à soigner pourtant! Un petit régime, du sport et zou, on retourne au 34. Quid des problèmes hormonaux, de la génétique, des autres problèmes de santé? Allons donc, des fadaises, mon brave! Les gros sont gros parce qu'ils mangent mal et ne font pas de sport. C'est connu et communément admit. Même les médecins le disent, même doctissimo et ne parlons pas des magazines féminins qui, les cigales arrivant, se donnent la mission d'éradiquer les traces de gras des corps comme on éradique le mazout des plages après le naufrage d'un pétrolier.

En définitive, le gros, c'est le cancéreux des Imcnormés. Une bonne chimio, quelques radiations et zouuuuu, il rentre dans du 10 ans (tout mon respect à ceux qui sont malades du cancer, hein). Mais contrairement aux cancéreux, les gros doivent se cacher jusqu'à ce qu'ils aient l'air suffisamment mal dans leur peau pour qu'on les laisse sortir. Hem, je dérive...

Quand on est gros, on risque de mourir jeune. Quand on est con aussi et pourtant, la connerie n'est pas encore reconnue comme cause nationale. Pourtant, ça devrait. Mais bon... quand on est gros, on a aucun droit: pas le droit de sourire, de vivre, de manger dehors (sous peine d'avoir des regards et/ou des commentaires compatissants/méprisants), de s'habiller correctement (les lignes grandes tailles françaises sont souvent faites pas pour habiller mais pour ressembler à des sacs à patates)... Bref, quand on est gros, on est pas un être humain, on est pas un animal mais presque parce qu'on a pas la volonté de maigrir.

Par tous les Saints, Gudule serait-elle en train de se plaindre? Mais non voyons! Il y a tellement de gens dehors qui se soucient de sa santé! 




vendredi 15 mai 2015

Gudule et la cour de récré...



« Pouvez-vous tenir en laisse ces animaux sauvages qu’on appelle élèves dans votre école ? »


Cour de récréation: Lieu délimité, en plein air, dans un établissement scolaire, où les élèves peuvent se détendre lors des récréations.
Récréation: Occupation, exercice qui fait diversion au travail et qui sert de délassement.

Ces définitions données, nous pouvons entrer dans le vif du sujet concernant une actualité qui fait quelques vagues ces derniers jours:

Des attouchements sexuels dans une cour de récréation d'un collège.


La nouvelle est tombée hier: 5 ados de 10 à 11 ans ont été sanctionnés pour des attouchements envers des filles de leur classe. Tous sont scolarisés dans le très huppé Collège Montaigne à Paris (6ème arrondissement). 

Et comme toujours, quand les adultes se réveillent, c'est le drame, la catastrophe, l'apocalypse... La faute à qui?

Au porno, évidemment!

Non parce que le porno, c'est vilain pas beau. Encore pire sur téléphone! Bah ouais, parce que les mecs avaient maté du porno (sisi à 10 et 11 ans) sur leur portable durant la récré... Je me souviens au collège, je jouais au foot dans la cour de récré avec mes potes... Enfin, autre époque je présume.

La question de l'éducation, elle est passée où? Bah probablement en vacances près de la Méditerranée à l'occasion du pont de l'Ascension...  A moins qu'elle se soit noyée dans une culture du viol qui devient de plus en plus visible... Enfin, encore plus que d'habitude.

Le problème est donc autre que l'éducation. Ce sont le portable et le porno qui sont les démons à exorciser à coup de déclarations médiatiques et démagogiques en ces temps de pré-pré-période électorale. A l'heure d'aujourd'hui, la palme du César de la déclaration la plus « lediableestdansnospochesilfautl'interdire » revient à M.Bayrou François de son petit nom:


Voici, en quelques lignes, la transcription de son intervention:

« Interdire les portables dans l’enceinte des collèges et des cours de récréation. En tout cas, s’assurer qu’ils soient éteints et dans les cartables [...] On sait très bien que les vidéos pour adultes sont en réalité très répandues parmi les plus jeunes enfants [...] Il suffit de prendre des mesures de bon sens, qui sont des mesures de pères et de mères de famille pour au moins réduire les risques de ce genre d’attitude ou de dérive »

Petit scoop: les téléphones sont déjà interdits dans la majorité des règlements intérieur des établissements scolaires. Il est humainement impossible de s'assurer qu'un téléphone est éteint et qu'il est présent dans le cartable des élèves pour diverses raisons:

  •  Pas assez de personnel: un AED par élève, c'est pas possible. Un établissement de 600 élèves ne dispose que de 5 AED en plein temps de manière générale.
  • Fouiller un élève au corps ou ne serait-ce que son cartable est légalement impossible. Il faudrait, au minimum, un CPE pour effectuer la fouille. Et avec les accusations d’attouchement pédophiles... Il faudrait bien un représentant des forces de l'ordre pour faire cela... Les parents sont d'ores et déjà prêts à gueuler à la dictature...
  • Les élèves sont très au fait leurs droits (et pas de leurs devoirs, étrangement)... Merci à l'Education Nationale. 
Passée cette mise au point, j'aimerai m'attarder sur... « Il suffit de prendre des mesures de bon sens, qui sont des mesures de pères et de mères de famille pour au moins réduire les risques de ce genre d’attitude ou de dérive ».
En résumer, pour M.Bayrou, réduire l'accès au porno et interdire le téléphone dans la cour de récré, c'est pile poil la solution pour réduire le risque de problème.

En définitive, il ne s'agit que de déplacer le problème et de se voiler la face. Comme le dit ma mère, c'est un emplâtre sur une jambe de bois déjà rongée par les vers.
Pourquoi? Simplement parce que les parents n'ont humainement pas le temps de se tenir au goût du jour en matière de nouvelles technologies liées au contrôle parental. Mais, surtout, pour une foutue bonne question:

Vous croyez que parce qu'ils ne peuvent pas faire une chose à un endroit, ils ne vont pas le faire ailleurs?



Non parce que c'est vrai quoi... Un gamin, tu lui interdis une chose, il pense que c'est interdit partout. Un adolescent, c'est très con, ça croit tout ce qu'on lui dit.
Il faut dire que c'est aussi super compliqué d'éduquer les mioches. Cela prendrait trop de temps à la société.

Bref, comme pour le harcèlement scolaire, il a fallu un cas médiatisé pour que tout le monde se réveille et monte sur ses grands chevaux. Mais voilà, le cas Montaigne n'est pas, et n'a jamais été, un cas isolé.


Malheureusement, comme toujours, si l'on n'entend pas parler de plus de cas, c'est exactement pour les mêmes raisons que quand cela concerne le viol des adultes: les victimes ont honte, on ne les écoute pas, on les juges... Pire, chez les enfants/adolescents, les parents refusent de concevoir que le fruit de leur coït est capable de se rendre coupable d'agression sexuelle.

Bah ouais, Jean-Kévin, même s'il mate les vidéo porno de papa et maman, il est si innocent, si pur, si parfait... il ne peut pas essayer de faire la même chose dans la vraie vie. D'ailleurs, c'est faux. Il ne regarde que les bisounours en version censurée et il croit encore au père Nowel.

N'en déplaise à nos grands penseurs du XXIème siècle, les gamins du primaire ne sont que très rares à avoir vu du porno et sont un peu plus à avoir un smartphone... Alors comment expliquer les cas d'agression sexuelle?


Voici quelques réactions issues des commentaires des sites d'information:


On passera les fautes d'orthographe, hein...
Dépravation: Vice de quelqu'un, de quelque chose, qui a de mauvaises mœurs, qui est sans moralité.

  • Un enfant a-t-il une morale? vous avez 5 heures.

Ceci dit, voici mes préférés:






La culture du viol est vraiment fascinante, tout de même... vous ne trouvez pas?

En lisant ces commentaires, j'ai eut envie de vomir. Comment expliquer le consentement à des gosses quand les adultes sont aussi vomitifs?

Comment leur dire que ce qu'ils ont fait est mal quand la seule chose importante est un foutu téléphone portable?

A mon sens, le porno et le portable ne sont pas les diables de demain ni d'aujourd'hui d'ailleurs. Comme le dit si justement Clémence Bodoc sur Madmoizelle:


« C’est la faute au porno » est le nouveau « c’est la faute aux jeux vidéos »


Le problème, c'est l'éducation. Le consentement et le respect mutuel ne sont pas des illusions, des principes désuets qui ne servent à rien.

Malheureusement, c'est un peu mal barré. La sexualité reste frappée d'anathème. Un peu comme avant la libération sexuelle mais de manière plus pernicieuse. Peu de parents, malgré tous leurs idéaux, ne parlent réellement de sexe avec leurs chères têtes blondes.

Qui va expliquer aux Jean Kevin et aux Mohamed (ouais ouais ouais, taxez moi de raciste pour avoir utilisé ce prénom) que le porno c'est pas la réalité. Que non les femmes n'aiment pas se faire plaquer contre un mur sans son autorisation. Que tripoter ou être tripoter sans accord n'est pas socialement et moralement acceptable?

Qui suis-je pour reprocher, finalement, à des gamins de ne pas parvenir à faire la part des choses quand les parents refusent de les aider à le faire sous prétexte qu'ils sont trop jeunes/innocents et que le sexe c'est caca mais qui leur demande d'être adulte et d'arriver à prendre du recul vis à vis du matraquage médiatique?

Qui suis-je pour reprocher à des gamins de ne pas savoir quelque chose quand les parents et l'Education Nationale refusent de leur octroyer un semblant d'intelligence?
« Les inégalités, le non-respect, les violences s’invitent au sein de l’école, donc il faut bien que les professionnels de l’Éducation nationale puissent répondre à ce défi, puissent apprendre à leurs élèves à grandir dans le respect et dans l’égalité entre les sexes, loin des stéréotypes et loin des images pornographiques qu’ils voient circuler sur internet » Najat Vallaud-Belkacem
A méditer.



PS: Je vous invite à lire le sujet sur Madmoizelle que j'ai mis en lien un peu plus haut. Il m'a servit à élaborer ce billet, notamment au niveau réflexion.