Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

lundi 20 avril 2015

Gudule lit pour vous


L’Avis sur le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun.




On en parle depuis quelques jours et voilà que j’ai prit le temps de le retrouver et, surtout, de le lire. Pour les références (histoire d’être précise), il s’agit de l’Avis n°2015-04-16-VIO-16 publié le 16 avril 2015.
Cet avis a été rendu suite à la saisine de Mme TOURAINE (Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes) et de Mme BOISTARD (Secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes).
Parmi les personnes qui y ont participé, on retrouve : Mme BOUSQUET (Présidente du Haut Conseil d’Etat à l’Egalité entre femme et homme), Mme MOIRON –BRAUD et Mme RONAI (co-présidentes de la Commission « Violences de genre ») et Mme RESSOT (rapporteure).


L’avis en lui-même commence par la lettre de saisine. La saisine est le recours à un organe juridictionnel et/ou à une autorité de police. Ici, Mme TOURAINE et Mme BOISTARD ont saisit le Haut Conseil à l’Egalité entre femme et homme (HCEfh). Elles lui ont demandé de proposer des recommandations en vue de faire diminuer (ou cesser) le harcèlement sexuel/sexiste dans les transports en commun. Le tout en prenant en compte de la commission créée en 2014 suite au Comité National de Sécurité dans les Transports en Commun. Cette dernière a pour mission de faire des propositions concrètes.


Cessons le côté juridique pour pouvoir se pencher sur ce que dit réellement cet avis.

·         Nous avons la définition du phénomène de harcèlement sexiste et des violences sexuelles dans l’espace public : « Le harcèlement sexiste dans l’espace public se caractérise par le fait d’imposer tout propos ou comportement, à raison du sexe, de l’orientation ou de l’identité sexuelle supposée ou réelle d’une personne, qui a pour objet ou pour effet de créer une situation intimidante, humiliante, dégradante ou offensante portant ainsi atteinte à la dignité de la personne. Le harcèlement sexiste peut prendre des formes diverses comme des sifflements ou des commentaires sur le physique, non punis par la loi, ou des injures, punies par la loi. Les violences sexuelles sont définies par la loi dans toutes leurs manifestations. Elles recouvrent l’exhibition et le harcèlement sexuel ainsi que les agressions sexuelles (mains aux fesses, «frottements», etc.) dont le viol. »
·         Il est clairement admit le flou entourant la frontière entre harcèlement et violence.
·         Le phénomène de harcèlement et de violences « des manifestations du sexisme qui affectent le droit à la sécurité et limitent l’occupation de l’espace public par les femmes et leurs déplacements en son sein. »
·         Il est encore admit que le phénomène est massif, violent et ayant des impacts négatifs importants.
·         De même, les transports en commun sont vecteurs de liberté pour les femmes qui en sont les plus grandes utilisatrices… L’impact négatif est donc d’autant plus important tant sur la vie quotidienne (insécurité, frein à la mobilité, injonctions vestimentaires et comportementales…) que sur la vie sociale (frein à la sociabilité, renforcement des stéréotypes…) et sur le maintien des inégalités et de la discrimination.





Après ces informations et ces mises au point, nous avons quelques… rappels :
·         Les sociétés de transports en commun sont obligées d’offrir des conditions maximales de sécurité.
·         Les conseils généraux et les communes ont les mêmes concernant la sécurité des élèves sur les aires de stationnement de cars scolaires et en leur sein.
·         La société civile, les associations féministes et les femmes décidées à ne plus se taire sont entendues.
·         Le gouvernement, les collectivités territoriales, les entreprises de transport expriment de plus en plus leur volonté de passer à l’action.


Les principes d’actions et les points de vigilance suivants sont soulignés :




L’avis recommande d’établir un plan national d’action « Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne » qui reposerait sur 3 orientations afin de permettre aux femmes, et aux hommes, d’exercer leur liberté de circuler :







Là, on termine la synthèse de l’avis. Ouais, il est plutôt massif. Donc, si vous ne voulez pas continuer pour avoir plus de détails, sachez que vous avez au moins eut l’essentiel. Personnellement, je ne peux que vous conseiller de lire le document en entier sans passer par ma « prise de note » toute relative puisque je suis obligée de broder sans quoi personne ne pourrait suivre ma pensée.

Voilà donc la suite ou du moins, la version bien moins synthétique de tout ce qui a été évoqué auparavant.

Légalement, il n’y a pas de définition claire du harcèlement sexiste, contrairement aux violences sexuelles. De fait, l’HCEfh s’est appuyé sur la définition du harcèlement de rue, harcèlement sexuel et du sexisme pour en créer une : « Le harcèlement sexiste dans l’espace public se caractérise par le fait d’imposer tout propos ou comportement, à raison du sexe, de l’orientation ou de l’identité sexuelle supposée ou réelle d’une personne, qui a pour objet ou pour effet de créer une situation intimidante, humiliante, dégradante ou offensante portant ainsi atteinte à la dignité de la personne. Le harcèlement sexiste peut prendre des formes diverses comme par exemple des sifflements ou des commentaires sur le physique, non punis par la loi, ou des injures, punies par la loi. »

Le champ des manifestations du harcèlement sexiste et des violences sexuelles est large. Sans être exhaustive, voici la liste des comportements ainsi que les prévisions légales qui les accompagnent.




Notion spéciale pour ce rappel :


Quelques exemples :



L’enquête menée par le HCEfh montre que les femmes sont majoritairement les victimes de ce harcèlement/ces violences. Qu’importe l’âge, la CSP ou les origines des hommes qui en sont les auteurs qu’ils soient seuls ou en groupe. Le facteur discriminant du sexe est souvent, d’ailleurs, accompagné par d’autres discriminations : handicap, identité, orientation sexuelle… ce qui accentue le risque de devoir faire face à ce type de comportement.

Les témoignages recueillit durant cette études montrent aussi que les femmes adaptent leur comportement (vestimentaire, trajet…) afin de ne pas être en danger et de ne pas être une cible.





Par exemple, depuis que je me suis fait agresser (et même avant mais cela a empiré depuis), je ne me maquille plus, j’ai banni les robes et les jupes, j’évite d’aller dans certains quartiers de ma ville, j’en viens même à devoir demander à Norbert de venir me chercher au boulot. Pour l’anecdote, le 17 avril, en moins de 12h (dont 8 passées au taff et 1 dans un magasin de tissu), je me suis fait harcelée 3 fois. 3 fois en 3h de temps et en étant habillée comme un sac (dans l’espoir qu’on me foute la paix).


Ainsi, l’on rejoint l’idée que l’espace public est un espace sexué. J’en veux pour exemple typique la place Gabriel Péri à Lyon où la concentration de testostérone est proche de 100% et que si on est une fille, on y va avec un char d’assaut. Au-delà de cette parenthèse, il est clair que la conception de l’espace public comme un espace sexué ne fait que donner une légitimité certaine au harcèlement et aux violences.
Les femmes sont donc réduites à penser leurs déplacements (horaires, ligne, accompagnement), leurs choix vestimentaires (on va éviter la jupe pour ne pas avoir droit à une main en dessous), les heures de sorties… Les auteurs eux, n’ont aucun souci avec ça : l’espace public leur appartient.
« Cela marque clairement une intériorisation du système de genre par les femmes, contraintes à s’adapter aux règles machistes d’un tel système si elles souhaitent circuler librement et en limitant les risques pour leur sécurité. »


Pour l’instant, il n’y a pas de données statistiques sexuées récentes. Cependant, le HCEfh n’en est pas moins réaliste sur ce qui entrave l’établissement de ces données. Aux causes traditionnelles empêchant une femme de dénoncer les violences qui lui sont faites, s’en ajoutent d’autres :

  •  Phénomène méconnu, mal appréhendé, considéré comme « normal »
  •  Les données recueillies par la police, la gendarmerie ou la justice ne reposent que sur les crimes et délits reconnus comme tels
  •  Les données recueillies par les organismes de transport sont incomplètes
  •  Les études traitant des violences faites aux femmes se concentrent essentiellement sur la sphère privée
  • Les études et enquêtes de victimation s’appuient sur des normes et des critères légaux qui se concentrent sur les agressions physiques et sexuelles en excluant la plupart des manifestations du harcèlement sexiste qui, d’ailleurs, est invisible aux yeux de la loi.
Pourtant, il est clairement indispensable de faire des études de victimation (à la fois quantitative et qualitative) afin de :

  •  Définit les manifestations du phénomène, mieux connaître le profil des victimes et des auteurs
  • Mesurer l’impact du phénomène sur la mobilité des femmes, leur santé et leur vie professionnelle
  •  Interroger les non-client(e)s des transports en commun pour en savoir les raisons.
Le tout en étant attentif à :

  • La représentativité des victimes
  •  Expliciter les violences pour libérer la parole. Par exemple : préférer « mains aux fesses » plutôt que « gestes déplacés »


A côté des études, l’HCEfh suggère, dans le cadre d’une démarche participative, de mettre en place des consultations citoyennes, des transports « exploratoires » (aka circuler en groupe dans les transports avec des temps mixtes et des temps  non-mixtes, avec un(e) guide afin de mieux entendre la parole des femmes… c’est une démarche d’autonomisation et de prise de confiance en soi), des comités d’usager(e)s ou ambassadeur(ice) de ligne afin de participer à la réflexion de l’offre de transport, recueillir les suggestions, identifier les priorités…


L’avis met aussi en exergue l’appréhension partielle du phénomène qui a entraîné des solutions et des réponses insuffisantes. En France, aucune action publique significative n’a été menée pour briser le cercle vicieux même si des initiatives privées (associations…) ont été mises en place, notamment depuis 2014. Cependant, rien de cela n’a permit de cesser la banalisation du phénomène qui est peu dénoncé, peu ou mal combattu.

La méconnaissance et la sous-mobilisation du droit : s’il existe des lois concernant le harcèlement sexiste et les violences sexuelles, il y a néanmoins un décalage entre les interdits légaux et le ressentit par rapport aux actes commis. De fait, il s’avère aussi que les victimes ne connaissent pas la loi (par exemple, un « frotti frotta » désigne une agression sexuelle passible d’une peine allant jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euro d’amende) tout comme les auteurs sont totalement inconscient des risques et de la gravité de leurs actes. Il y a donc un véritable enjeu dans le rappel de la loi et l’information.

èInvisibilité et inadaptation des outils d’alerte et de sécurité. Il y a plusieurs mesures déjà mises en place par les organismes de transport (bornes d’arrêt d’urgence, sonnettes d’alarmes…) mais dont les indications sont d’ordres trop générales et ne mentionnent pas le motif « violence ». Par exemple, il existe un numéro que je ne connaissais même pas : le 3117 qui est pensé pour les cas de danger et de malaise mais dont les indications sont laissées à la libre interprétation des usager(e)s tout en indiquant que abus = sanction. Ce numéro n’est pas utilisé en cas de harcèlement sexiste ou d’agression sexuelle.
èAbsence d’un ciblage « transports » dans les politiques publiques de lutte contre les violences faites aux femmes ou d’un ciblage « violences faites aux femmes » dans le plan national de sécurisation des transports.


Les pages suivantes de l’Avis sont dédiées au plan d’action suggéré. Je voulais vous l’épargner mais au final… Si vous êtes parvenu(e) jusqu’ici, il est clair qu’un peu plus ne fera pas plus mal.


Cinq étapes : agir au niveau des opérateurs de transport pour créer un environnement sécurisant non sexiste et améliorer le recours aux système d’alerte ; préparer le lancement d’une campagne « Stop au harcèlement sexistes et aux violences sexuelles sur toute la ligne » avec un concours national (clips vidéos, messages courts, affiches) ; lancer la campagne à l’occasion de la Journée Internationale annuelle de la lutte contre les violences faites aux femmes ; poursuivre la campagne en 2016 dans les transports en commun et les supports grand public (TV, journaux, quotidiens gratuits diffusés dans les transports en commun…) ; poursuivre régulièrement la démarche de sensibilisation, notamment auprès des jeunes.

L’action avec les transporteurs : adapter et faire connaître les systèmes d’alertes (messages courts, affichettes, pictogrammes, messages audio…) ; expliciter les violences comme motif de recours (aux moyens d’alerte) ; généraliser, décliner et faire connaître le 3117 ; encourager les signalements, le partage de témoignage et le dialogue avec et entre les usager(e)s ; outiller les professionnel(le)s pour réagir aux situation de harcèlement et orienter les victimes ; innover dans l’organisation des transports (arrêts à la demande, amplitude horaire, adaptation à la fréquentation des transports…) sachant que la solution d’arrêts à la demande est recommandée par ONU Femmes et a été mise en place au Québec, de même la solution de moyens de transports réservés aux femmes a été rejetée (rupture de la mixité, mise en danger de celles qui ne pourraient les utiliser) ; réduire l’exposition de toutes et tous à des slogans et images sexistes (lutte contre l’hypersexualisation, mise en place d’une charte…)


Organisation d’une grande campagne nationale, construite en concertation avec la société civile : organiser en 2015 un concours national « Stop au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles sur toute la ligne » visant à récompenser les meilleurs clips vidéos, messages courts et affiches ; organiser une campagne de sensibilisation pour dénoncer le phénomène, faire agir et réagir.
·         Les objectifs : faire connaître l’ensemble des violences et les sortir de la banalisation, déculpabiliser et soutenir les femmes victimes, impliquer les témoins qui ne savent pas toujours comment réagir et agir, responsabiliser les auteurs de ces violences
·         La cible : la campagne devra s’adresser à la fois aux victimes, aux témoins et aux auteurs
·         La campagne devra s’inscrire dans la durée
·         Elle devra être visible partout dans les transports en commun
·         Elle devra être explicite et innovante
·         Créer un espace internet institutionnel, national et facilement indentifiable, d’information et d’accès aux droits concernant ce phénomène

Intégrer la lutte contre le harcèlement dans la politique publique d’éducation à l’égalité et à la sexualité. L’éducation doit nécessairement s’adresser à tout le monde, jeunes ou vieux, femmes ou hommes. Ce qui sous-entend, pour les plus jeunes, de passer par l’Education Nationale et de, bien évidemment, donner les moyens aux enseignants et aux établissements, de pouvoir établir le dialogue.


Voilà pour cet Avis du Haut Conseil de l’Egalité femme homme. Vous trouverez le texte intégral (dont j’ai copié des passages, que j’ai paraphrasé parfois faute d’une meilleure formulation…), en suivant le lien hypertexte.




Mon avis : J’ai trouvé ce document fort intéressant. Cependant, je regrette vraiment qu’il soit intervenu en 2015, soit plus d’un an après le passage sur le devant de la scène de ce phénomène. J’entends par passage sur le devant de la scène, les différentes manifestations, les vidéos, les articles… J’ai l’impression que l’Etat Français se réveille tout juste et c’est vraiment déprimant. Je regrette aussi un certain… comment dire… J’ai l’impression que le phénomène est sous-estimé. Il n’y a pas de réflexion sur la banalisation, sur la culpabilisation des victimes, sur les agissements des témoins… même si cela est évoqué tout en essayant de trouver une piste de réflexion.

Avec un peu de chance, on tient le bon bout… Enfin… Reste à ce que le Gouvernement mette tout en place et ça… J’en doute réellement.

Gudule est décidément super sympa...

« La pensée réduite à sa plus simple expression ou comment un tweet devient le révélateur des plus symptomatiques problèmes de notre société. »

Sophie de Menthon


Je vous le remets, histoire de ...


Il y a quelques jours, Mme de Menthon nous a gratifié de cette perle sans prix, digne de figurer aux Darwin Award de l'empathie, de la délicatesse et aussi de... mince comme ça s'appelle ce truc dont je ne dispose pas? Ah ouais! De la diplomatie!

Bref... Elle a quand même mit plus de 24h pour nous gratifier d'un droit de réponse. Mais avant d'en parler, je tiens à vous faire écouter la chronique de Mme Aram Sophia sur France Inter, ce matin:


Je la trouve tout bonnement savoureuse. Pour ceux qui n'auraient pas l'occasion d'écouter, voici ce qui est dit dans la seconde partie:

«A part Sophie de Menthon et quelques gourdasses se plaisant dans leur rôle de teckel manucuré, la plupart des femmes n'ose même plus croiser le regard d'un mec dans un train, de peur que celui-ci en déduise qu'il s'agit d'une invitation non révocable pour aller se faire attraper dans les toilettes.
C'est dingue non?!
C'est un peu comme la main aux fesses. Dans le cadre d'une envie commune, se faire peloter les fesses, c'est formidable, je vous assure! Mais dans la rue ou dans le métro et sans aucune autre forme de procès, c'est une atteinte à son intégrité physique. Pour s'en rendre compte, il faut imaginer toutes les femmes se mettant à faire des chatbites à tous les mecs qui leur plaisent dans la rue ou dans les transports en commun.
Mais, entendons-nous bien: l'idée n'est pas de tuer dans l'oeuf toute tentative de séduction ou de drague... Du moment que ça se passe dans le cadre d'une relation équilibrée, consentie et réciproque. Mais certainement dans une relation inégalitaire dans laquelle un homme rabaisse une femme au niveau d'un clébard que l'on siffle pour lui demander de revenir aux pieds de son maître.
Alors, même s'ils semblent loin, les temps préhistoriques où la femme ne pouvait se pencher pour trouver de l'eau dans la rivière sans qu'un abruti ne l'attrape par derrière; alors il est urgent de rappeler à Sophie de Menthon, qu'avec un viol toutes les 8 minutes en France, il serait temps de refuser d'être traitées comme des chiennes.
 »

Nous sommes donc le 20 avril et Mme de Menthon publie une tribune sur le blog du Huffington Post en guise de réponse à la vague outrée, parfois injurieuse et souvent choquée des internautes. Etant une chieuse accomplie, bien évidemment que je vais me faire plaisir en la décortiquant....

« Mais parce que ces situations ne sont ni identiques, ni équivalentes, il m'a paru utile de relativiser ces menaces bien réelles ne serait-ce justement que pour protéger, punir, et distinguer ce qui relève du harcèlement de ce qui constitue le quotidien des rapports hommes-femmes aujourd'hui et depuis des siècles au pays de l'amour courtois. »
De fait, aucune histoire, aucun ressenti n'est identique. Mais quelle est l'utilité de relativiser? Par rapport à quoi? Genre, tu t'es pas faite violer, soit contente? Genre, tu t'es pas fait traitée de sal*pe, soit contente?
Ah non, pardon... C'est que siffler une femme comme on siffle un chien (ou que l'on a siffler des esclaves, hein) ou un autre animal, c'est... le quotidien des rapports hommes-femmes. C'est juste... normal.

« Déclarer une guerre des sexes sans nuance me semble dangereux et improductif, or la lutte des classes devient la lutte des sexes. Faut-il inclure la "drague" même pénible dans ce qui peut être assimilé à une forme de délinquance et d'agression caractérisée?»
J'ai personnellement très peur de sa définition de la guerre des sexes sans nuance.... surtout ajoutée à la lutte des classes qui passe en version 2.0... un peu comme un Salamèche devient un Dracofeu après quelques levels.

Quand la lutte des classes devient la lutte des sexes...

Je crois que Mme de Menthon oublie que l'inégalité des sexes avec son lot de violence date non pas de notre adoré Marxounet mais de bien plus tôt. Je crois aussi qu'elle commet un péché d'arrogance et de suffisance de croire que la lutte contre les inégalités des sexes n'est qu'une affaire de classe. Un peu comme si ce n'était que le problème de ces p*tains de prolo qui font ch*er le monde de Mme de Menthon.
« Mais seulement dire que les hommes ne sont pas tous des délinquants sexuels ni des pervers agressifs, que non, ils ne traitent pas tous les femmes de "sale pute" si on ne leur répond pas... »
Ah mais non, hein. On le sait que tous les hommes ne sont pas des méchants. Sauf que ceux qui sont pas méchants... Bah on les voit pas. #NoAmalgame crie Mme de Menthon! Pour un peu, elle nous pousserait à devoir nous justifier et faire des panneaux comme le #NotInMyName! Bah ouais, quitte à pousser dans le cliché...
De fait, elle oublie un principe de base: c'est parce qu'ils sont toujours visibles que l'on parle des extrêmes, c'est parce que l'on ne sait pas comment les qualifier qu'on les affuble des termes génériques... Pas parce que l'on pense que homme = b*te sur patte.


« Pour que nous nous rappelions aussi que le badinage est un charme français conquis de haute lutte! Rappeler que les Françaises savent sourire à celui qui à la terrasse d'un café suit une fille des yeux et la siffle, admiratif... Non ! il ne s'agissait en aucun cas de nier ce que subissent certaines, nombreuses, dans les transports en commun ou ailleurs. »
#NoAmalgame beugle Gudule avant d'aller se taper la tête contre un mur de béton armé et clouté. La Française est en droit de ne pas avoir envie de sourire à l'homme qui se permet de la siffler, elle est en droit de se sentir dérangée, mal à l'aise, perturbée.
Et même si c'est une tradition française que de badiner! Nous ne sommes plus dans les années 50, Mme de Menthon. Aujourd'hui, le badinage devient rapidement infiniment plus dangereux que quand vous même étiez une jeune femme (ouais j'attaque sur l'âge, j'avoue, c'est mesquin). Aujourd'hui, le badinage qui, à la base, est gentillet, devient rapidement et très facilement une levrette dans les toilettes publiques avec un crachat comme lubrifiant... (classe Gudule, très classe)

« Le fait de me faire insulter pour ce blasphème consistant à ne pas considérer que toute réflexion, tout sourire, tout compliment, toute tentative d'entrer en contact avec une femme est en soi une agression pure et simple, est infiniment plus inquiétant que tout le reste. »
Voilà où le bât blesse. C'est que Mme de Menthon ne semble pas capter, du haut de sa haute place dans la société, que justement... Ce ne sont pas des tentatives d'entrer en contact. Si elle estime qu'un sifflement est une tentative adéquate pour entrer en contact avec un autre être humain, qu'elle essaie et nous prouve par A+B combien elle est magnifiquement bien reçue.
Mme de Menthon semble partir du principe que (attention, j'extrapole) parce que l'on est une femme, on est fatalement consentante à ce qu'un inconnu fasse irruption dans notre espace personnel, de quelle que manière que ce soit.

Non, non, non et non! B*rdel! Les femmes ont le droit de ne pas être consentante pour qu'on les juge, qu'on les siffle, qu'on les aborde sur le seul et unique principe qu'elles excitent popol!
Dernière chose, il est bien plus grave pour Mme de Menthon d'avoir été insultée pour ces simples considérations. Simples considérations... A-t-elle un seul instant songé à se mettre à la place d'une femme du bas peuple? A-t-elle un seul instant réellement réfléchi à ce qu'elle avait écrit? Visiblement, non.


« Sachant qu'au préalable je n'ai pas le droit d'émettre une opinion personnelle parce que je suis "privilégiée", "parce que je n'habite pas en banlieue", "parce que je suis bourgeoise", le seul racisme encouragé ! »
Je ne nie à personne le droit de parler ou de donner une opinion. Mais quand on n'y connaît rien et que l'on fait une bourde monumentale comme celle-là, la moindre des choses, c'est d'éviter la réaction outrée de diva, de réfléchir et de faire un méa culpa.
Caliméro...

D'ailleurs, on notera l'utilisation du terme racisme... Vais-je devoir lui donner une coquille d'oeuf pour pouvoir participer à la grande course annuelle de la victimisation? Racisme... Le mot aussi casse gueule que Hitler, Nazi ou autre... Attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: je dis simplement qu'on sort racisme comme un arbre cachant la forêt. Avec le mot racisme, on s'assure de faire taire tout le monde parce que quiconque n'étant pas de votre avis ou continuant à dire que vous ne savez visiblement pas de quoi vous parlez est un raciste. Et dans le monde d'aujourd'hui, il y a rien de pire.
En même temps, Mme de Menthon, vous vous attendiez à quoi? C'est de la lutte des classes qu'il s'agit! Ah non, pardon, de la lutte des sexes!


« Les hommes sont des loups pour la femme aujourd'hui en France dans les transports en commun. Une nouvelle peur collective est en train de naître immédiatement alimentée pour être soignée à coup de loi. Pour un vrai sujet, indéniable, on va inventer des solutions à énumérer au 20h. Les médias se sont jettés sur ce tweet et les "témoignages", jusqu'à en faire "la tendance du jour". Aucune place pour la mesure, l'interrogation, la réflexion, les causes, l'analyse et le discernement. »
Voyons, Mme de Menthon, aucune fausse pudeur: vous avez exactement atteint ce que vous vouliez: un coup de pub.
Une nouvelle peur? Pardon? Ah ouais... En fait, le harcèlement dans la rue, il est apparu la semaine dernière, comme ça, respawnant comme un boss dans Wow ou Lol. Un matin, toutes les femmes se sont connectées sur leur réseau central (en LAN, hein parce que les femmes, ça connaît pas encore internet) et ont décidé de créer le prochain concept à la monde: le harcèlement de rue! Tutafé! C'est un complot utéro-vaginoçonnique.
C'est vrai que ce n'est pas un vrai sujet... Alors, c'est quoi un vrai sujet? Noterais-je l'usage des guillemets méprisants pour le terme témoignage? Répondrais-je que cela fait des années que des féministes s'interrogent? J'en veux pour exemple le Projet Crocodile...
Par contre, je savoure l'irone de voir que l'on réclame la réflexion, les causes, l'analyse et le discernement quand on n'en pas fait preuve. Un peu comme aller se planquer dans un transformateur électrique sans songer une seule seconde que l'on risque de finir comme un steak grillé et qu'ensuite, on va aller se plaindre que d'autres ont manqué de discernement...

« Les "chiennes de garde" se sont comportées en chiennes de garde, trop contentes d'avoir à déchiqueter une des leurs, totalement incorrecte, plutôt normale, acceptant le regard des hommes qui fait partie de la vie, inquiète parfois, moins que celles certainement qui sont plus exposées et qu'il convient de protéger »
 Je note la référence aux Chiennes de Garde, ce collectif féministe et assez extrême dans ses actions et propos. En résumé, toutes celles qui ont osé protester contre les propos de Mme de Menthon, sont assimilées de facto aux Chiennes de Garde. Pas de ce fameux discernement, d'analyse, de réflexion, des causes... Pas la moindre pensée sur le fait que si on réagit aussi vivement, c'est parce que Mme de Menthon ressert le discours sociétal et normé! Ca va lui faire plaise ça, d'être normale.
D'ailleurs, soulignons le plutôt sympa de se faire siffler et la référence à des chiennes... #jesuisunechienne
Et non, Mme de Menthon, vous n'êtes pas l'une des nôtres. Vous partagez notre genre mais vous ne partagez, en aucun cas, notre combat, nos peines, nos peurs, notre vie. Vous estimez que le regard des hommes est normal. Pas nous.
Ne faites surtout pas appel à la solidarité féminine quand vous êtes incapable d'en faire preuve!

« Oui, je ne souhaite pas accepter une époque qui se délite avec gourmandise, se sur-protège à coup de juridisme et considère, comme le fait la ministre, qu'un sifflement est une agression caractérisée. Je ne le pense pas, j'ai le droit de ne pas le penser, j'ai le doit de dire que je trouve terrifiant que dans les médias ou ailleurs, personne n'ait le "courage" (car cela finit par en être un) de ne pas enfourcher immédiatement et à tout propos le cheval de la victimisation suivi d'un char de répressions, si possible financières. »
Dois-je déduire de ces mots que les femmes sont sur-protégées par la loi? Dois-je dire qu'elle-même n'a pas le courage de ne pas enfourcher l'étalon délicieux de la victimisation?
En fait... Oui, je le dois.
Aujourd'hui, par exemple, il est clairement établit que les chiffres du viol (masculin et féminin) sont largement sous-représentatifs de la réalité. Parce que les victimes ont peur, ne sont pas soutenues, se retrouvent face à des procès où leur agresseur finissent libres, sans aucun souci. Le nombre de personnes victimes de violences conjugales ou sexuelles par an est estimé à 216 000 en 2014 ce qui fait environ 592 victimes par jour et il n'y a que 16% des victimes qui portent plainte! Alors au temps pour la victimisation et la sur-protection, hein.
Dans l'avis du Haut Conseil de l'Egalité, qui n'a probablement pas été lu par Mme de Menthon, il n'est pas question de répression mais de communication et d'éducation. Les sanctions légales qui sont mentionnées font déjà parties de l'arsenal législatif français.

« Oui, Je refuse que la drague soit tarifée si l'agression commence au sifflement! Je refuse que les femmes ne puissent plus être un certain "objet du désir", et je refuse la contradiction absolue qui menace notre civilisation, c'est a dire que le porno devienne un mode de vie et que parallèlement on développe une censure et une pudibonderie de la pensée. Je récuse le fait que les femmes soient des hommes comme les autres et n'affichent pas leurs différences, même et surtout si elles doivent avoir strictement les mêmes chances. »
Toujours dans l'avis du Haut Conseil de l'Egalité, le sifflement n'est pas considéré comme une agression mais comme du harcèlement.
Les femmes peuvent être un objet de désir mais ont le droit de ne pas vouloir l'être, ont le droit de ne pas vouloir qu'on les réduise à une paire de seins, un vagin et une paire de fesses!
Et évidemment, on arrive au porno, le satan de notre société actuelle (parce que satan l'habite... je serai fouettée pour cette blague pourrie). C'est vrai que le porno explique tout: les problèmes d'éducation, la stupidité, la télé-réalité, Ebola, la crise... avec un peu de chance, ça expliquerait même Booba... na là je me trompe de problème...
Les femmes ont le droit d'être différentes et, de fait, elles le sont. Mais cette différence ne doit pas les mettre au même rang qu'un enfant de choeur dans un Conclave au Vatican (désolée, mais les Chrétiens sont encore les seuls sur lesquels ont peut rire sans se faire taper dessus...).


« Alors, j'ai eu honte, honte pour ceux qui font de mon pays un pays bi-polaire, interdisant toute divergence ou toute nuance exprimée. Une censure émotionnelle et intellectuelle.

Juste, parce que je trouve" plutôt sympa de se faire siffler dans la rue", j'ai cautionné le viol, les agressions, les injures et le harcèlement. Le discernement devient un droit de l'Homme gravement menacé. »
Personnellement, j'ai eut honte d'être une femme quand j'ai lu votre tweet, Mme de Menthon. Honte de faire partie de cette classe de la population qui a pour seul intérêt aux yeux de la majorité, dont vous faites partie, d'être un vagin et un objet sexuel. J'ai eut honte de devoir vous savoir sur les mêmes rangs que moi.
En fait, non. J'ai été en colère. Je suis toujours en colère. Parce que je ne comprends pas votre discours bien plus bi-polaire que moi. Vous avez eut honte pour moi, Mme de Menthon? Sachez que c'est réciproque. La honte ne m'appartient pas. Que ce soit en tant que femme, que victime de harcèlement et d'agression sexuelle, que féministe patentée. C'est votre honte, Mme de Menthon. Vous êtes la voix de tous ceux qui crachent sur les femmes et celles qui se battent tous les jours pour être reconnues à l'égal des hommes.
Vous vous sentez censurée émotionnellement et intellectuellement? Sachez que vous censurez aussi la voix des victimes, toutes celles et tous ceux, qui font les frais de sifflements plutôt sympas. Parce ce que, ce que vous ne savez probablement pas, c'est que cela ne s'arrête jamais aux sifflements.
Soyez honnête, Mme de Menthon, au moins avec vous-même sinon avec nous toutes. J'entends par "nous" celles et ceux qui se sont senti(e)s insulté(e)s et blessé(e)s par votre manque de discernement, ce fameux droit de l'Homme dont vous manquez terriblement.



Oui, les réactions ont été violentes à votre encontre. Mais... quand on voit le mépris affiché dont vous vous parez et vous êtes parée, je pense qu'il convient de se demander où l'insulte à commencé. C'est puéril, oui, mais après tout, ce n'est pas moi qui ait utilisé le fameux guerre des sexes... Vous faites partie de l'ennemi, Mme de Menthon, assumez-le.

Pour votre réflexion personnelle:


« On voit la paille dans l'oeil de son voisin, mais pas la poutre dans le sien. »

Evangile selon St Luc









jeudi 16 avril 2015

Gudule est plutôt sympa...

Capture d'écran du site à l'oiseau bleu

Habituellement, je mets une citation pour entamer mes articles. Bah au final, j'me dis que Mme de Menthon se suffit à elle-même, venant d'entrer dans l'histoire des personnes vivant au pays des bisounours.


Pour le petit détail, Mme de Menthon est déjà connu pour un moment de délicatesse à la gloire de l'Humanité, au sujet de l'affaire opposant Dominique Strass Khan et Nafissatou Diallo:

« Tu veux que je sois politiquement totalement incorrecte ? [...] Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux » (petite délicatesse lâchée sur l'antenne de RMC en 2013)

Cette nouvelle perle intervient le jour de la remise d'un rapport intitulé « avis relatif au harcèlement sexiste et aux violences sexuelles dans les transports en commun » et remis à la Secrétaire d'Etat chargée des Droit des Femmes. Ce dernier spécifie que « 100% des utilisatrices de transports en commun ont subi au moins une fois dans leur vie du harcèlement sexiste ou une agression sexuelle ». Ce qui, on en conviendra, a de quoi choquer.

Donc voilà, Mme de Menthon déclare officiellement la chasse à la gonzesse à coup de sifflets. Et par la même occasion, vient de cracher aux visages des femmes qui, comme moi, attirent les relous comme les mouches sont attirées par le miel. Elle fait clairement le jeu de ceux qui pensent que c'est quelque chose de normal, de flatteur et que ces foutues gonzesses devraient être honorées d'être ainsi interpellées par le mâââââââle.

Dans la foulée, le hashtag #plutotsympa a été lancé et les témoignages affluent (y compris le mien) tout en étant soulignés par une question:

Mme de Menthon prend-elle vraiment les transports en commun, seule?

Les gens ont le droit de savoir! 

Moi ce qui me pose souci, c'est que c'est juste typique de nos politiques (ou ceux qui pensent devoir/vouloir en faire), patrons (Mme de Menthon est Présidente d'ETHIC, organisation patronale, membre du Conseil économique, social et environnemental) et autres élites qui ne savent même pas ce que vivent au quotidien les péons qui sont derrière eux. Et ça, je trouve cela pathétique.

A moins, que ce soit pour encore fait parler d'elle... Et ça a sacrément bien fonctionné.

Bon aller, quelques extraits des tweets.





 Evidemment, il y a quelques relous dans les commentaires:







Celui-là, c'est mon préféré. C'est toujours le même. Si vous parvenez à passer la barrière innommable de son orthographe, syntaxe, grammaire plus qu'approximatifs, vous aurez des perles de sexisme et de cliché. Je pourrai en débattre, découper la moindre de ses phrases pour en faire un billet de réponse. Certes, cela m'amuserait beaucoup... mais je crois qu'il se tourne suffisamment au ridicule comme ça.




mercredi 15 avril 2015

Gudule admire...

« Jupe de femme est lange du diable »


Proverbe Roumain





Ne vous en déplaise, même si je me suis amusée à parler "jupe", on va parler de nouveau d'un sujet que j'ai abordé deux fois: le harcèlement de rue.

Parce que l'on ne change pas une équipe qui gagne et que finalement, on a beau en parler... bah on se rend compte que les neurones de la population sont majoritairement partis en RTT.




Il y a quelques heures, le collectif Stop Harcèlement de rue a posté une idée d'affiche à soumettre à la RATP:



On voit donc deux personnages dans l'un des (trop) nombreux métros (vétustes) de la RATP.
Clairement, une femme est un homme. Ce dernier va poser sa main sur la cuisse de la jeune femme qui semble soit terrorisée, soit en larmes (Gudule hésite)... toujours est-il qu'elle est clairement pas d'accord.


L'homme est anonymé grâce à la tête de crocodile (on notera la référence au Projet Crocodile).



On note une référence à la loi. En trifouillant sur Légifrance, j'avoue ne pas avoir trouvé la référence de ce rappel. En revanche, j'ai retrouvé l'article 222-33 du Code Pénal qui encadre et défini le harcèlement sexuel: 

I. - Le harcèlement sexuel est le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
II. - Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d'user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l'auteur des faits ou au profit d'un tiers.

 Bien que campagne "non-officielle" de la RATP, cette proposition d'affiche a surtout lieu dans le cadre de l'opération anti-relous qui devrait avoir lieu dans les heures - ou jours - à venir. Comme le nom l'indique, l'opération anti-relous est destinée à... bah virer les relous. Ceux qui frottent leurs érections sur tout ce qui a un vagin... Ou celles qui laissent traîner leurs mains sur les postérieurs délicieusement moulés dans un 501.
L'affiche s'inspire aussi de la campagne actuelle de la RATP que je trouve délicieusement savoureuse:




Il y en a d'autres, ceci dit. Je vous invite à aller les visionner.


Mais voilà, si l'initiative est carrément bonne, les commentaires eux... Me laissent sincèrement... dubitative:



Personnellement, je n'ai toujours pas saisi ses arguments à cette personne... Un clivage des sexes... Euh ouais, je sais ce que c'est mais je ne vois pas le rapport entre ça et la choucroute de Marie Chantal. Evidemment, j'suis allée mettre mon grain de sel parce que j'aime bien comprendre quand on essaie d'avoir un discours argumenté qui n'en est pas un...

La fin.
Pour info, c'est la même personne, le même fil de commentaires...
A mon sens, nous avons un beau phénomène de paternaliste qui s'ignore. Un  « discours moralisateur sexiste à l'égard des hommes »: je suis certaine que tous ceux qui se retrouvent à devoir ignorer l'érection ou les mains baladeuses ou le regard ou la bave sont certainement la source du problème... Il est clair aussi que c'est la faute  « des gens qui imposent des choses à d'autres et ne veulent pas en assumer la responsabilité » (j'ai honte, je surinterprète probablement)... Oh oh oh mais n'avons-nous pas un relent de slutshaming là?

On passera outre le fait qu'il ne sait pas reconnaître le sarcasme quand il en voit un... Parce que les chiffres, c'est pas 90% des agressions/harcèlements sexuels qui sont faits par des hommes. C'est moins. Il a d'ailleurs besoin d'aller se renseigner un peu parce que c'était bien avant le 19ème siècle que l'on accusait les femmes d'être responsables de leur viol.

Revenons au  « comportements sociétaux désuets  » (ouais en même temps, je corrige les fautes de syntaxe): il parle de "comportement respectueux". Personnellement, j'en suis toujours à me demander ce qu'est un comportement respectueux pour cette personne... Je doute aussi qu'il fasse partie de ceux qui prennent la défense des personnes à qui il arrive problème.


Ah la question de la jupe. Parce que celle qui a été prise en photo (Alice donc) était en jupe... Fatalement, c'est pas un shooting pro avec des pro de la pub et du marketing. Mais fatalement, the jupe (ouais ouais ouais je sais que jupe c'est skirt en anglish). 185 personnes ont aimé ce commentaire. 186 avec l'auteur. Donc... On en déduit que pour 186 personnes, le message essentiel c'est que la fille est en jupe alors que les agressions ont autant lieu en jupe ou en pantalon.

En fait, non. Si j'en crois mon expérience personnelle, j'ai toujours plus de soucis quand je suis en jupe ou en robe que si je porte mes jeans informes. C'bizarre hein... J'crois qu'il y a un truc au niveau du cerveau de certain(e)s qui dit: JUPE = BONNE A BAISER... De là, à en tirer un lien de cause à effet... faudrait appeler tonton Godwin pour une consultation.

Evidemment que j'ai autant de risque de me faire agresser si je porte une jupe ou si je porte en pantalon. Dans la théorie. Dans la pratique, nous sommes toujours au temps des idiots consanguins qui pensent qu'une jupe donne un accès direct à la mangrove.

Dernière chose qui a tendance à m'agacer, c'est ça:


C'est cette course à la victimisation. Ça fait très genre:  « Ouiiiiiiiiiiiiiiinnnnn, l'autre-là, il m'a pas mit au-devant de la scène pour pouvoir dire que moi aussi je me fais agresser. Alors du coup, j'veux mon affiche parce que j'suis une plus grosse victime... »

Que les choses soient claires: je suis pour les droits LGTB. Mais punaise, pleurer dès qu'on parle de quelque chose... C'est comme si je venais pour dire:  « ouiiiiiiiiiiiiiin, pourquoi la dame elle est toute maigre, blonde aux yeux bleus? ». Alors que je suis ronde, blonde foncée aux yeux verts?

Peut-être parce que j'ai pas besoin de venir chouiner comme un saule pleureur... parce que je comprends le message et que je sais que pour sensibiliser le plus grand monde, faut taper dans le cliché.

C'est con, mais c'est comme ça. 


(et puis zut, quand on vient pleurer, au moins on se renseigne sur les gens avant..)

mardi 14 avril 2015

Gudule et la démocratie...


« La dictature, c’est "ferme ta gueule" ; la démocratie, c’est "cause toujours". »

de Jean-Louis Barrault




En ces temps d’empoignades et d’opérations séduction pour gratter des voix un peu dans les 4 coins de notre cher pays, il semble que beaucoup de personnes oublient l’histoire de la démocratie et ce qu’est la démocratie. Il faut dire qu’avec les « impératifs » financiers et euh… financiers… elle est pas franchement jojo la démo en ce moment.




Petit retour en arrière. Histoire de pas oublier et pourquoi pas de remettre quelques neurones en place..

Comme j’en ai l’habitude, je vais diviser le sujet en plusieurs parties. Le premier article traitera donc des bases ainsi que des différents types de démocratie. Le second sera l’histoire même de la démocratie. Un troisième sera axé philosophie. Et le dernier…on verra si je le fais.


« La démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »… Dixit Abraham Lincoln


Les bases 

Lorsque l’on est écoliers en France, on apprend que la démocratie vient du grec δημοκρατία / dēmokratía, combinaison de de δμος / dêmos, « peuple » et κράτος / krátos, « pouvoir ». L’interprétation actuelle est « souveraineté du peuple ». C’est un régime politique dans lequel le peuple a le pouvoir. A noter qu’il y a une distinction à faire entre le peuple et les citoyens car la citoyenneté, en Grèce Antique, n’est pas forcément accordé à l’ensemble de la population.

La citation d’Abraham Lincoln que j’ai donnée un peu plus haut est reprise mot à mot dans l’article 2 de notre propre constitution. Elle est établie comme étant le principe-même de notre système gouvernemental. C’est une définition proche du sens étymologique du terme démocratie. Ce dernier, cependant, possède une définition souvent sujette aux interprétations différentes aussi bien quant à ce qu’elle sous-entend vraiment que quant à sa mise en pratique. De ce fait, à l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de définition communément admise par tout un chacun sur cette pauvre planète.

Malheureusement, la définition de la démocratie se complique encore plus quand on sait qu’un gouvernement est dit démocratique par opposition aux systèmes monarchiques et oligarchiques (merci Aristote et Polybe !). Différenciation mise à mal par l’existence de la monarchie parlementaire. D’autres personnes, comme Karl Popper, mettent la démocratie directement en opposition avec la tyrannie et la dictature, considérant que la première permet de contrôler les dirigeants sans recourir à une révolution.

A noter que le terme de démocratie ne se réfère pas uniquement à des gouvernements mais peut aussi se référer à une forme de société ayant pour valeur la liberté et l’égalité ou, plus généralement, à un ensemble de valeurs, d’idéaux et de principes politiques, sociaux et culturels. De même, l’adjectif démocratique s’applique aussi parfois à des organisations qui n’ont rien de politique.



Même si je reviendrai sur la philosophie de l’idée de la démocratie, je fais un arrêt sur image sur Karl Popper, histoire de vous préparer mentalement à l’article axé philosophie.

Un peu de philosophie politique avec Karl Popper

Pour la culture gé, Karl Popper est un philosophe politique (entre autres, hein… il était du genre multitâche le petit) né en 1902 et mort en 1994. Bien qu’il réfute cette appellation, Popper a énormément réfléchi au sujet de la démocratie via sa critique de l’historicisme tout en défendant l’indéterminisme (pour ceux que j’ai perdu, suivez les liens, j’vous dépose sur Wikipédia). Ses idées politiques sont libérales et pour lui, la liberté de l’homme est fondamentale et doit être protégée. Enfin, même s’il est fondamentalement libéral, Popper n’exclut pas l’interventionnisme de l’Etat même dans le domaine économique. A ses yeux, c’est même une condition sine qua non au libre exercice de la liberté des individus et ce, en raison du « paradoxe de la liberté » : « La liberté, si elle est illimité, conduit à son contraire ; car si elle n’est pas protégée et restreinte par la loi, la liberté conduit nécessairement à la tyrannie du plus fort sur le plus faible » (dans La Société ouverte et ses ennemis).

Il ne distingue que deux régimes politiques : la démocratie et la tyrannie. Deux termes qui ne sont que des repères terminologiques pour Popper. A la question recuite « Qui doit gouverner », il propose une interrogation de remplacement : « Existe-t-il des formes de gouvernement qu’il nous faille rejeter pour des raisons morales ? Et inversement : existe-t-il des formes de gouvernement qui nous permettent de nous débarrasser d’un gouvernement sans violence ? » (dans Etat paternaliste ou Etat minimal). Il faut donc comprendre que, pour Popper, sera démocratique tout régime répondant à ces critères.
En réfléchissant sur l’organisation de la démocratie, Popper rejette en bloc la démocratie directe puis le scrutin proportionnel. Dans le premier cas, le peuple est responsable devant lui-même, ce qui constitue une contradiction puisqu’il ne peut se destituer lui-même. Dans le second cas, puisque tous les partis sont représentés, les coalitions sont donc nécessaires pour pouvoir gouverner ce qui sous-entend que certains partis pourraient rester au pouvoir sans jamais être destitués. La préférence de Popper va donc à la démocratie représentative avec scrutin majoritaire ainsi qu’au bipartisme avec un système de primaires internes.



Aller, j’ai pitié de vous : passons à la typologie des démocraties. Sortez l’aspirine, c’est lourd !


Typologie des démocraties ou comment perdre la boule…


Commençons avec la démocratie directe. Le pouvoir est exercé directement par les citoyens, sans avoir besoin d’intermédiaires constitués par les organes représentatifs. On retrouve ce type de démocratie notamment au niveau local. Par exemple en Nouvelle-Angleterre au travers des town meeting durant lesquels la population des communes décide des impôts, des lois et du budget. Plus près de nous, en Suisse, avec les Ladsgemeinde ou avec l’introduction du droit de veto populaire au XIXème siècle. L’idée de la démocratie directe est associée à celle de l’autogestion, d’autant plus quand elle se rapporte au domaine économique. On considère que les conseils ouvriers (en Allemande ou en Italie) sont des expériences de démocratie directe.


Passons à la démocratie indirecte ou représentative. Le pouvoir est exercé par des représentants élus par les citoyens. Les premiers sont alors chargés d’établir les lois et/ou de les exécuter. Par abus de langage, elle est devenue ce qui est entendu quand on parle de démocratie. Dans tous les cas, les dépositaires du pouvoir ne sont pas obligatoirement élus par les citoyens. Ils peuvent être nommés par le chef de l’Etat. Cette fameuse démocratie indirecte a plusieurs variantes distinctes.

Le régime parlementaire. Le gouvernement est politiquement responsable devant le parlement duquel il est souvent issu et qui peut dont le destituer en recourant à une motion de censure aux modalités variables en fonction des pays. En contrepartie, le gouvernement peut dissoudre l’assemblée. Il y a séparation des pouvoirs dans le sens où le gouvernement est l’exécutif, l’assemblée le législatif. On distingue aussi le régime parlementaire moniste (le gouvernement n’est responsable que devant le parlement et non le chef de l’Etat qui joue un rôle politique minime) et le régime parlementaire dualiste (le gouvernement est responsable devant le parlement et le chef de l’Etat).

Le régime présidentiel. Il se caractérise par une séparation des pouvoirs bien plus stricte. Le pouvoir exécutif n’a aucune responsabilité devant le pouvoir législatif qui ne peut destituer le premier. Le Chef de l’Etat (qui est aussi le chef du gouvernement) est élu au suffrage universel direct et dispose de moins de pouvoir que dans le régime parlementaire sur l’Assemblée. Le principal pays dont le régime est présidentiel est : les Etats Unis. Dans ce dernier, le président dispose d’un droit de veto sur les textes de loi.

Le régime semi-présidentiel ou mixte. Il se retrouve entre les deux. C’est le cas de notre chère Vème République Française dans laquelle le Chef de l’Etat est élu au suffrage universel direct, nomme les membres du gouvernement et les destitue quand ça lui chante. Il peut dissoudre l’Assemblée mais cette dernière, comme le Sénat, ne peut remettre en cause que le gouvernement via la motion de censure (principalement). Si le président ne dispose pas de la majorité parlementaire, on parle alors de cohabitation puisque son chef de gouvernement ne fait pas partie de sa mouvance politique.

Le régime d’Assemblée. Un peu désuet dans le sens où il n’est plus vraiment mis en pratique, c’est un régime représentatif dans lequel une assemblée unique, élue au suffrage universel direct, détient l’ensemble des pouvoirs politiques, l’exécutif et le judiciaire étant subordonnés au pouvoir législatif.

La démocratie libérale. C’est une démocratie représentative dans laquelle la capacité des élus à exercer un pouvoir de décision est soumise à la règle de droit et est généralement encadrée par une constitution qui met l’accent sur la protection des droits et des libertés des individus… ce qui pose un cadre contraignant aux dirigeants. Il n’y a pas de forme de régime représentatif particulier dans la démocratie libérale. En revanche, un certain nombre de valeurs y sont rattachées. Ces dernières se rapportent tant aux principes de la représentation démocratique qu’aux principes du libéralisme… Petite liste non exhaustive : existence d’un état de Droit, élection des représentants au suffrage universel direct (un citoyen = une voix), respect de la volonté générale et recherche de l’intérêt général (souvent défini par les dirigeants eux-mêmes…), égalité des droits, garantie des libertés fondamentales…


Petit cas à part, la démocratie par tirage au sort. Elle avait cours durant la démocratie athénienne pour les élections des magistrats. Par exemple, pour désigner les membres de la Boulè ou pour le tribunal populaire. Le tirage au sort est utilisé en vue de garantir l’égalité politique, améliorer la représentativité et éviter la corruption. Il est aussi associé à des mandats relativement cours dans la démocratie athénienne (un an environ). En France, on utilise le tirage au sort pour la formation de jury d’assise.


Les systèmes mixtes. Comme leur nom l’indique…
La démocratie semi-directe qui emprunte aux deux formes de démocraties déjà expliquées. Les citoyens élisent des représentants chargés d’établir les lois mais les premiers sont aussi amené à faire des lois par référendum (ou les refuser). L’exemple le plus typique est la Suisse où les droit d’initiative et de référendum sont la norme : les citoyens sont appelés à voter 4 fois par an afin d’accepter ou refuser les lois.

La démocratie participative. Les citoyens sont associés aux décisions prises par les représentants dès l’élaboration et jusqu’à leur application.



Donc nous voilà arrivés à la fin du premier article. Il était suffisamment massif pour que je le coupe ici. Pour une fois, je ne vais pas vous donner de bibliographie. Tout ce dont je me suis servie est aisément trouvable sur la toile...