« Qui viole une meuf, se fait serrer par les keufs. »
de MC Solaar, paroles de la chanson « Histoire de l’Art »
Il y a un peu plus d’un mois,
GingerForce a posté, sur sa chaîne « Un Pavé dans la Mare », une
vidéo ayant pour sujet :
Le Viol et la Violence Conjugale.
C’est une vidéo que l’on peut
couper en deux parties. La première traite des faits avec des chiffres à la clé ;
l’autre traite de l’histoire personnelle de GingerForce… histoire qui a
douloureusement fait écho à mon propre vécu.
Je ne compte pas étaler ma vie
sur ce billet. Peut-être le ferai-je un jour mais pour l’instant, je n’en ai
toujours pas la force.
Dans un tout autre domaine, je
suis assez mécontente de moi. Parce que je ne connaissais pas la chaîne avant
que le bruit d’un des commentaires vienne me titiller l’oreille comme un
foulard rouge excite un taureau en rut. Je me suis quand même demandé si ce n’était
pas un troll… Le problème, c’est qu’il n’en a pas les caractéristiques. Un
troll aurait fait bien plus court… Voilà l’objet du délit :
Enfin l’un des objets. Parce
qu’il a réitéré en plus.
C’est exactement la même
personne qui a tenu le même discours sur deux plateformes différentes. On
viendra aussi savourer le fait que quand il se prend une micro conséquence de
ses paroles, il vienne pleurer ensuite en mode « jesuisleplusfortjemenfous ».
Avec ce phénomène de foire
concentrant à lui seul plus de connerie que des fans des Anges de la
Téléréalité, nous avons droit aux plus beaux clichés concernant les Féministes,
le viol, les violences conjugales… Le tout mâtiné d’une bonne dose de mauvaise
foi et saupoudré de vrais poils de machos consanguins (parce que je crois que
la Nature devrait refuser à ce genre de personne le droit de se reproduire) qui
pensent que Youporn est la vraie vie.
N’ayant pas envie de polluer
la page de GingerForce, j’ai donc décidé de prendre le temps d’écrire un billet
pour répondre aux clichés de ce mec au cerveau spongieux imprégné de
frustration sexuelle et phallocrate (je pensais pas sortir ce type de mots un
jour sur mon blog)…
· « Pourquoi en fait toutes les féministes sont laides, imbues d'elles-mêmes, ignares et dépressives ? »
Dans l’imaginaire des abrutis, une féministe ressemble
fatalement à un mix entre une vieille fille entourée de chats, aux jambes
poilues et dont le repas est constitué d’anti-dépresseurs et de haine contre
les porteurs de service trois pièces.
Je n'ai pas trouvé de caricature reproduisant ce que je voulais... on fera avec ce que j'ai... |
Manque de chance pour lui, les Féministes, ont
(malheureusement) les Femens comme figure de proue. N’en déplaise à notre ami,
elles sont plutôt jolies les hystériques à seins nus.
En dehors de cela, nous noterons que comme ouverture d’un
argumentaire, on a rarement fait pire : attaquer sur le physique, l’intelligence
et le psychologique. C’est comme sous-entendre que certaines personnes blondes de
la classe politiques se font un solo neuronal quand elles pensent aux
programmes politiques…
Je renvois allègrement ce
monsieur à la définition du féminisme telle qu’elle est réellement et non pas
issue des médias et autres inhibiteurs de réflexion personnelle… Au pire, il
peut toujours aller lire les bases ICI ou LA.
· « On fini toujours par haïr ce que l'on ne peux pas avoir, et quand ce qu'on ne peux pas avoir c'est les hommes...C'est pas grave, vous finirez à la fin de votre vie seule sans enfant mais "émancipées" de l'oppression des mâles féroces sanguinaires et primates »
Discours typique du mec qui a été frustré par les filles (ou
les mecs ceci dit). J’en ai parlé à Norbert qui m’a expliqué le cheminement
masculin. Et, à juste titre, je lui ai répondu « Mais tu crois que toutes
les filles n’ont jamais été humiliées par des mecs ? »… Bah ouais
hein : la réciproque est toujours vrai, c’est mon prof de maths
ressemblant à Einstein qui me l’a dit quand j’étais au collège.
La seconde partie de la phrase sonne comme une malédiction
donnée par un méchant de bas étage.
Comme si la seule raison valable de vivre pour une femme est
donc de ne pas finir seule, avec des enfants et surtout pas libre d’être ce qu’elle
veut.
Pour le rappel, une femme ayant des enfants, une vie de
couple épanouie peut très bien être féministe. Voilà encore un débile
congénital qui considère que féminisme = contre les hommes.
Je demande pardon aux primates. Je n'ai rien contre eux et j'ai conscience de les insulter en les comparants au déchet. |
Au final, je me demande si l’on devrait pas créer une
mouvance « contre les cons »… Ca aurait un franc succès, à ne pas en
douter. Et notre première victime sera cet « homme », ce déchet de la
masculinité.
· « Vous vous tuerez pour avoir loupé tout ce dont pourquoi vous êtes nées (être fidèle à un homme, avoir un enfant et ne pas le regretter deux ans plus tard, entretenir son foyer et sa famille...) »
Résumons : une femme est vouée à être soumise à l’homme
(que cet être prétend incarner) et, si elle n’atteint pas les objectifs qui lui
sont fixés, ne mérite que de se jeter sous les pas de ses congénères ayant
réussi leur vie et qui vont faire les soldes un black Friday.
C’est tellement fort en clichés que je doute de pouvoir dormir
cette nuit.
En solution, je propose à cette pâle copie de la virilité,
de prendre un aller simple vers…les toilettes publiques du coin. Avec un
discours pareil, il se serait sentit en compagnie de ses semblables.
C’est tellement fort en clichés que je doute de pouvoir dormir
cette nuit.
En même temps, il ne fait que dire le discours larvé de ces
dernières années. Rappelez-vous : une femme doit avoir un bon boulot, un
mari, des enfants. Elle doit gérer sa vie de couple, sa vie pro et sa vie de
mère à la perfection tout en parvenant à être mince, sans rire, sportive et
bonne copine.
· « Pour le sujet du viol, petite analyse de ma part: Je me souviens quand j'étais au collège y'avais pas grand chose à mater. Les filles étaient toutes en gros pull, en gros jean et ne savaient même pas de quoi avait l'air le loup. Et ne connaissaient pas grand chose en sexualité à part les discours de l'éducation nationale. »
Rectification : au collège, tu avais autre chose à
foutre qu’à baver sur les filles… Jor voler les magazines pornos de ton père.
Et tu as raté une chose essentielle : l’adolescence ainsi que l’évolution
mentale et intellectuelle.
Mais au-delà de cela, ces phrases sont vomitives :
garder les femmes dans l’ignorance pour qu’elles restent chastes, prudes,
modestes… et tout ce qui fait une « femme digne de ce nom ».
Je suis certaine qu’il a un autel au triptyque « Travail,
Famille, Patrie » (non, je ne l’accuse pas d’être un collabo… sauf aux
idées arriérées issues de siècles d’impasse génétique)
· « Aujourd'hui je marche dans la rue, je prends plus de plaisir qu'à mater Youporn (véridique). De 12 à 20 ans, de véritables pornstars. Du moins elles en ont l'accoutrement, le physique, et la pratique de toute évidence. »
Je vais lui apprendre une chose : mater une fille dans
la rue, quand c’est court, c’est possible. Le faire avec insistance pour, je
cite, « prendre plus de plaisir qu’à mater Youporn », c’est du
harcèlement de rue. Et oui, chéri. Tu fais partie de ceux qui sont dénoncés par
le Projet Crocodile et un bon paquet de vidéos mettant en scène le harcèlement
de rue.
Mesdames, sachez qu’après 20 ans, vous êtes périmées pour ce
monsieur qui visiblement, préfère la viande fraîche à peine pubère… Ca choque
personne qu’il mate des gamines de 12 ans pour en tirer du plaisir ? Ce
que je comprends : monsieur mate une fille de 12 ans dans la rue et ce,
avec insistance et malgré le fait qu’il sait qu’elle a douze ans (ou dans les
environs, plus jeune ou plus vieille). Le fait qu’il dit en prendre du plaisir
sous-entend qu’il a au minimum une réaction physique (ou mentale) qui…
probablement… interviendra dans le 5 contre 1 qui se jouera dans le premier
endroit discret qu’il saura trouver.
Ensuite, je tiens à remercier mon déchet du jour pour me
permettre d’introduire ma série d’article sur le slut shaming. Il y est en
plein dedans.
A noter qu’il est super fort : il parvient à savoir qu’une
fille suce parce qu’elle porte une jupe un peu trop courte à son goût.
Je sens de l’envie rancunière là-dedans… Désolée, m’sieur,
si tu es pas capable de trouver ton bonheur dans le monde d’aujourd’hui. Ta
main droite (ou gauche) est la plus à même de t’offrir tout ce que tu attends d’une
femme… pour le reste, tu as ta mère… Si encore elle accepte d’avoir un fils
comme toi.
· « elles n'attendent que ça on le sait très bien, donc pourquoi s'indigner ? »
Cette phrase… C’est celle que les violeurs utilisent pour se
dédouaner de leurs actes. Elle se passe de commentaires.
On ne le répètera pas assez : une femme (quel que soit
son âge) a le droit de s’habiller comme elle le veut sans risque de se faire
violer par une bite sur pattes.
Affiche du Collectif Féministe Contre le Viol avec, inscrit dans l'auréole: "Une femme ne s'habille pas sexy pour rien." |
· « Où si on refuse en bloc tout ça, on change de mode de vie, on devient sympa, souriante, naturelle, intelligente...mais je sais bien que c'est pas facile... »
Mais oui ! Abandonnons des années de lutte pour l’égalité
afin de devenir ce qui va le mieux au genre masculiniste en mal d’identité.
« Devenir sympa » => comprendre : accepter
comme un honneur les « marques » bienveillantes de ces messieurs.
« Naturelle » => comprendre : retourner à
l’état acceptable d’une femme.
« Intelligente » => comprendre : retrouver
les compétences qui sont les nôtres naturellement.
· « Déjà une femme qui parle du viol féminin ce n'est pas crédible. Pas objectif pour un sous il va de soi, c'est comme si je prenais la parole moi même sur le viol masculin, il est évident que je prendrai parti. »
Je ne sais même pas par quel bout prendre cet étron.
Personne ne semble être bon pour parler du viol de son propre sexe… En
définitive, il n’y a que ceux du sexe opposé qui peuvent en parler à coup de « elle
l’a demandé cette sal*pe. Vous avez vu comment elle était habillée ?! Elle
l’a bien mérité ! » ou « t’es un mec, tu peux pas être violé par
une femme ! ». Parce que c’est typiquement ce qu’entendent les ¾ des
victimes de viol.
Affiche de la campagne de Sexual Assault Voices of Edmonton |
Je ne parviens pas à concevoir qu’est ce qui rend une
personne plus légitime qu’une autre pour parler de faits… Que ce soit le viol
ou non. C’est comme dire à quelqu’un « tu ne t’es pas faite violée, tu
peux pas savoir » et donc, considérer qu’il faut avoir vécu quelque chose
pour en parler… Peut être que nos politiques devraient en prendre exemple… Ou
les historiens. Ou ce monsieur qui n’est pas une femme… et pas un homme non
plus, remarquez.
Il y aussi le terrible « pas objectif pour un sou »
qui m’a mis sur le cul jusqu’à ce que je me souvienne du « Elles ne
demandent que cela »… Voilà pourquoi il veut parler du viol féminin « en
toute objectivité »… De là à dire que pour lui, c’est le seul moyen de
tremper le biscuit…
Je tiens à féliciter GingerForce pour avoir eut le courage
de faire cette vidéo. Rien que pour cela, elle a obtenu mon admiration
éternelle.
Et comme vous l’aurez probablement capté, ce billet fait une
formidable introduction à mes prochains articles sur le viol en général et le
viol conjugal, notamment.
D'une, je tenais moi aussi à exprimer tout mon respect à cette chère Ginger, j'ai vu sa vidéo et je l'ai également trouvée très courageuse.
RépondreSupprimerDe deux, je m'incline devant ton pavé. (et Dieu sait que je ne me mets pas à genoux devant n'importe qui) J'ai été choquée en découvrant le commentaire de ce déchet, comment peut-on excuser l'une des choses les plus traumatisantes au monde ? Sous prétexte que madame s'habille un peu trop court, elle a cherché à se faire violer ? Je suis contente de ne pas connaître cet énergumène, sinon je crois que ça ferait longtemps que j'en aurai fait de la chair à pâté.
Enfin bref, merci encore pour ton billet, je crois que je ne te serais jamais assez reconnaissante de défendre la gente féminine :3
À bientôt
Une femme qui parle de viol féminin ce n'est pas crédible?
RépondreSupprimerJe propose qu'une femme aille lui mettre un bon coup de pieds dans les couilles et lui dise "mais non, ça fait pas mal du tout, t'es mal placé pour savoir si on peut avoir mal aux testicules, moi je suis mieux placée que toi pour savoir que ça fait pas mal."
Bel article, bravo.
Attention à ne pas véhiculer de mauvaises informations : la réciproque n'est pas toujours vraie, alors que la contraposée l'est (en tout cas en logique classique, ce qui correspond vraisemblablement à celle enseignée au collège)
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