Bienvenue, bienvenue, bienvenue...

Gudule, c'est ma plante de bureau. C'est aussi la compagne de Norbert, ma seconde plante de bureau.


Gudule, seconde du nom, est une kalanchoé née en 2014 tandis que Norbert est un Dracaena Marginata, né à une date inconnue. Ensemble, ils attendent un bébé-plante de bureau (comprendre qu'ils l'auront quand la propriétaire schizo aura trouvé la perle rare).


Gudule en voit des vertes et des pas mûres. Elle râle, partage ses bons plans & astuces, écrit beaucoup, voyage un peu... Elle bricole aussi. Elle n'est ni vraiment écolo, ni vraiment bobo, ni vraiment fashion, ni vraiment féministe... Elle tente juste d'avoir la tête sur les épaules... Un peu.


Bref, bienvenue dans le bazar de Gudule! (parce qu'on s'en moque de Norbert, il parle pas).

vendredi 23 janvier 2015

Gudule et la fresque...


« L'avantage des médecins, c'est que lorsqu'ils commettent une erreur, ils l'enterrent tout de suite... »

de Alphonse Allais


Ayant été perdue entre mon agression, le dernier article sur l'avortement ainsi qu'une série sur le slutshaming, j'ai laissé filer quelques jours avant de parler d'une affaire qui agite la sphère féministe ainsi que les médias (enfin, cela a été très vite enterré sous d'autres choses bien plus intéressantes (et ce n'est pas que du sarcasme)).

Il est donc question d'une fresque (qui a été effacée depuis) peinte sur l'un des murs de la salle de garde des internes du CHU de Clermont-Ferrand. Celle-ci mettait en scène des super-héros: Wonder Woman subissant les assauts sexuels de Superman, Superwoman, Batman et Flash.
Récemment, des bulles ont été ajoutée à cette fresque, transformant Wonder Woman en Internes et ses "compagnons" en réforme de la Santé (pour laquelle, je le rappelle, les médecins ont fait grève...).

Autant dire que quand elle a été dévoilée au grand public, ça n'a pas plu.

On est en plein truc définitivement classe.


Admirez la délicatesse.

En soi, un truc porno dans une salle de garde des internes... Pourquoi pas? Pour des personnes qui côtoient continuellement la mort et la maladie, on peut se dire que du sexe, ça égaye peut être leur temps de repos (en même temps, ils en ont besoin quand on voit certains clients patients...).

En revanche, ce qu'il dérange, c'est que clairement avec l'ajout des bulles, c'est la ministre de la santé qui est visée. Et là, on passe dans un tout autre registre.


  • Le début de l'affaire:
Sur la page Facebook "Les médecins ne sont pas des pigeons", quelqu'un a posté l'image ci-dessus. Avec la magie des réseaux sociaux, le tout est rapidement arrivé aux oreilles du collectif Osez le Féminisme qui a aussitôt demandé au Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) de réagir et condamner cette fresque.

De fil en aiguille, c'est très vite devenu un capharnaüm indicible. Fatalement.


  • Mon avis:
A mes yeux, c'est une scène clairement pornographique. Dans une salle de garde des internes d'un CHU. Ok. C'est une "tradition" chez eux. Soit.
Cette scène de gangbang est trash, c'est indéniable. Mais pas plus que ce que l'on retrouve sur la toile. Les médecins sont des humains comme tout le monde. Et au vu de leur métier, si ça les fait décompresser de mater une scène de cul imaginaire... Why not? (je reviendrai peut-être un jour sur ma vision de la pornographie...)

Et ouais, la version porno d'un certain sacre...

En revanche, les bulles ancrent définitivement la scène dans la réalité. L'image de base qui, bien que trash, ne me choquait pas plus que cela, a été détournée de la pire des façon. Wonder Woman devient la Loi de la Santé (ou la ministre de la Santé, tout dépend de la vision que l'on a des choses)... les autres deviennent des agresseurs.



  • La suite:
Le CNOM a donc condamné la fresque et a fait état d'une commission d'enquête afin de donner les suites appropriées à ce genre d'actes.
Le collectif Osez le Féminisme hurle à la culture du viol:

Anne-Cécille Maillefert, présidente et porte-parole du collectif.

Le CHU, quant à lui, a fait un communiqué pour prendre position et informer que la fresque serait effacée:



Evidemment, les internes se défendent, notamment, via l'avocat de leur association, Jean-Sébastien Laloy:
«Wonder Woman ne représente pas la ministre mais une interne en médecine qui est mise en garde si elle ne s’informe pas sur la loi santé. Ce dessin ne représente pas un viol mais une orgie. Le détournement est maladroit et c’est un humour graveleux mais nous revendiquons la liberté d’expression.»

On va faire un petit arrêt sur image. Non parce que bon, depuis les attentats de début janvier, la liberté d'expression est revendiquée par tout le monde pour ne pas assumer ses propos. Je vous renvoie à mon article qui en traite et je m'autorise même à faire un rappel de la Convention Européenne des Droits de l'Homme:

1. Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.
2. L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire.  (CEDH - Article 10)

Cette parenthèse faite, nous pouvons donc continuer sur la suite de cette affaire.


  • Les dérapages:
Ok, l'image de base n'est pas un viol collectif... du moins à mon sens. C'est un gangbang et si l'on retire tout ce qu'il peut y avoir de dégradant pour l'image de la femme... Cela reste du sexe (extrême et trash) mais du sexe quand même. Bref, tout cela pour dire que l'affaire aurait pu s'apaiser seule. Je dis bien "aurait pu" car il y a un malin qui s'est amusé à poster le numéro de téléphone de la présidente du Collectif Osez le Féminisme.

Ce qui devait arriver, arriva, fatalement:



Anne-Cécile Mailleret a été allègrement harcelée, menacée, insultée...  Bien sûr, elle va porter plainte. C'est normal et elle est pleinement dans son droit.

Les Internes en médecine sont eux-mêmes divisés. D'un côté, il y a ceux qui défendent la fresque en clamant que ce n'est qu'une orgie tout en clamant l'esprit carabin et d'un autre, il y a ceux qui sont choqués et pourquoi la liberté d'expression ainsi que l'esprit carabin ne justifient pas un tel acte.

A tout cela s'ajoutent les commentaires sur la Toile. Soit ils donnent foi en l'Humanité, soit ils donnent envie de vomir, c'est au choix. Pour les seconds, on retombe aisément dans le cliché de ce qu'est une féministe. Ils les invitent à se renseigner mais ils devraient aussi retirer la poutre de leur oeil, ils seraient moins aveugles...


Dois-je dire que c'est ce genre de commentaires que l'on retrouve le plus?

Je suis de mauvaise foi: il y a évidemment le débat pour et contre ce genre de fresque. L'argument le plus répandu était que la salle de garde est un endroit privé. Les débats sont des plus houleux, oscillant entre mépris et injures, sarcasme et patiente... C'est d'une violence extrême où tout est mélangé: féminisme, culture du viol (j'ai lu un commentaire disant que ce n'était pas un viol puisque WW prenait les phallus à pleine main... j'suis allée me taper la tête contre le mur), impunité des médecins, complexe de dieu du corps médical, prière pour que ceux qui sont contre ne se fassent pas soigner, légitimation par la lutte contre la loi de la santé...

Un immense n'importe quoi, finalement.





Conclusion:
Comme je l'ai dit, je n'ai rien contre ces fresques porno. En revanche, l'ajout des bulles m'a franchement dérangé. De fait, j'estime qu'il est normal que la fresque soit retirée. C'est une conséquence logique de ce détournement. Être en grève ne justifie en rien ce genre d'action. Et même si, peut-être, l'intention n'était pas de nuire à la Ministre de la Santé, il aurait valu réfléchir deux minutes: c'est elle qui porte la Loi, cette dernière va d'ailleurs porter son nom. N'importe qui l'aurait prise pour lui.
Se croire au-dessus des lois, croire que la liberté d'expression peut tout justifier, c'est faire preuve d'une stupidité crasse totalement indigne d'un corps de métier que l'on loue pour son intelligence.
De même, croire que parce que la majorité ne semble pas choquée d'une telle fresque est la preuve d'une arrogance pathétique. L'endroit est privé, certes, mais commun à tous les internes. Imposer de la pornographie à quelqu'un qui ne veut pas en voir, ce n'est plus de la liberté d'expression... On frôle l'agression sexuelle. Parce qu'à partir du moment où l'on partage le même endroit, même si son accès est soumis à condition, on vit en communauté. Ce qui implique des règles, une morale... Un(e) seul(e) interne choqué justifie pleinement des concessions. N'en déplaise à la majorité.


Je vous invite à lire cet article qui, outre donner des exemples issus des autres salles de gardes dans d'autres hôpitaux, explique les origines de cette tradition:
Je l'accompagne d'un autre article pouvant le compléter:

2 commentaires:

  1. Donc aujourd'hui on peut représenter des figures spirituel religieuse qui sont pour les croyants plus important que leurs vies, et les caricaturer en les dénigrant (nue, parole blasphématoire, etc) et en les humiliant.
    Mais on ne peut pas représenter une loi qui n'as rien d'humain dans un gang bang ?

    La liberté d'expression est bien frivole ces derniers temps :/

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    1. Ce n'est pas la question de la loi. C'est surtout la question que dire que c'était la loi qui était représentée et non la ministre est d'une sacrée hypocrisie.

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